Culture

Bertrand Bonello : « Le plus difficile, c’est d’inventer un futur relativement proche »

Critique

Alors que sort La Bête, qui met en scène une version post-apocalyptique de notre monde où l’intelligence artificielle a pris le contrôle, le réalisateur Bertrand Bonello évoque également un spectacle préparé en parallèle de ce nouveau film et récemment créé à la Philharmonie de Paris, Transfiguré – 12 vies d’Arnold Schönberg, pour lequel il mêle à une sélection d’œuvres du musicien, la projection d’images, de textes et la participation de deux comédiens.

En 2044, l’intelligence artificielle a pris le contrôle de la société pour éviter la disparition de l’humanité. Gabrielle, interprétée par Léa Seydoux, replonge dans ses vies antérieures pour décider si elle efface ses affects de sa mémoire, seul moyen d’accéder à des emplois intellectuels et à responsabilité dans un monde régi par les entretiens d’embauche. Elle replonge dans son existence en 1910 et en 2014 et dans la relation qui a failli l’unir à Louis qu’elle a aimé à travers les siècles.

Acclamé par la presse internationale lors de la Mostra de Venise, le onzième long-métrage de fiction de Bertrand Bonello reprend l’argument de La Bête dans la jungle, court roman de Henry James publié en 1903, pour en faire un bouleversant mélodrame atemporel autant qu’un récit dystopique d’un pessimisme glaçant, cheminant à travers les peurs du siècle.

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Le réalisateur qui, dans une autre vie, fut un tout jeune pianiste avant de devenir musicien de studio, a mis en scène les 9, 10 et 11 janvier derniers à la Philharmonie de Paris Transfiguré – 12 vies d’Arnold Schönberg. À travers un choix de douze pièces, clin d’œil au système dodécaphonique qu’il a inventé, le spectacle qui allie images et textes est un portrait diffracté du musicien viennois. Sous la direction de la cheffe d’orchestre Ariane Matiakh, Transfiguré, qui sera diffusé sur Arte à l’automne, parcourt trente ans de l’œuvre du compositeur dans l’histoire tourmentée de l’Europe de la première moitié du XXe siècle qu’il a fuie pour Los Angeles. RP

Dans La Bête, quand le personnage de Louis s’intéresse à la partition que Gabrielle travaille au piano, elle lui répond au sujet d’Arnold Schönberg : « Je souffre, c’est plein d’invention mais j’ai du mal à trouver le sentiment à l’intérieur de ça ». Est-ce que ce dialogue reflète votre propre difficulté à vous emparer de ce compositeur jugé difficile pour créer Transfiguré – 12 vies d’Arnold Schönberg, un spectacle hybride donné récemment à la Philharmonie ?
La rai