Eric Benzekri : « L’écriture d’une série, ce n’est pas une démocratie : c’est une chambre d’auteurs »
Avec la série Baron Noir, Eric Benzekri a directement contribué à mettre la France sur la carte en matière de série. Une écriture vive, au présent, trempée dans la matière documentaire (il a été conseiller politique pendant une quinzaine d’années) qui auscultait les soubresauts de la vie politique à travers la lucarne du Parti Socialiste. Et comme, en travaillant au plus près de l’actualité, il arrive que l’écriture prenne de l’avance sur la réalité des faits, la Présidente Amélie Dorendeu, jouée par Anna Mouglalis dans la saison 2 annonçait à ce titre l’arrivée d’un Emmanuel Macron à l’Élysée.
Les mains dans le réel, le sens des dialogues denses en termes d’idées et de matière à réflexion mais accessibles dans un mouvement ininterrompu des corps et de la langue le rapprochent d’un auteur comme Aaron Sorkin : Eric Benzekri poursuit en effet le style du « walk and talk » créé par l’auteur américain de la série The West Wing (À la Maison Blanche), alliant le mouvement et l’agilité de la langue pour une réception ambitieuse. Avec La fièvre, il continue sur le même rythme. Une série d’action, dans laquelle nous sommes projetés au cœur d’une agence de communication, chargée de l’image d’un club de foot, tentant de déjouer les tensions identitaires du pays. Radioscopie au scalpel, la série pose un regard inquiet et plein d’interrogations sur la société française. Retour avec le créateur des séries Baron Noir et La fièvre sur son itinéraire et ses méthodes de travail. QM

Vous avez été conseiller politique pendant une dizaine d’années. Et, c’est en regardant les séries The West Wing (À la Maison-Blanche) d’Aaron Sorkin, Les Sopranos de David Chase et The Wire de David Simon que vous avez appris à écrire, après un travail de compréhension des enjeux narratifs, à force de les voir et de les décortiquer…
Ce sont trois séries assez différentes du point de vue de l’écriture. Je voulais comprendre s’il y avait une sorte de formule. Évidemment, il n’y en a pas. Il y a de