Couples
Les ennuis des autres n’intéressent jamais personne, mon chou.
La Vie à deux, Dorothy Parker
Aïe les voisins
— Aïe les voisins ? T’as entendu ?
— Ils ne vont pas remettre le couvert !
— Il te reste des boules Quièche ?
— On dit Kièss, je t’ai déjà dit. Kièss, c’est pas si compliqué.
— Pas mal ce film, on a bien fait d’aller à la séance de 19 heures.
— Un bon Guédiguian, on ne prend pas de risque.
— Je n’aime pas quand elle commence à crier, la voisine. Elle a une voix si stridente… Sa voix à lui est plus sourde, à choisir.
— T’en fais pas, je ne crois pas qu’elle va s’égosiller bien longtemps. Quand il l’aura bien assommée, le calme reviendra…
— C’est ta faute aussi, pourquoi aller se coucher si tôt…
— Que voulais-tu qu’on fasse ? Puisqu’on a décidé de boycotter la Saint-Valentin, je ne vois pas pourquoi on attendrait les douze coups de minuit…
— Tu as raison, tout de même, j’ai du mal à me dire que c’est un soir comme les autres. Ouïe, tu as entendu là ?
— Il va finir par la tuer.
— C’est une coriache.
— Coriace ! C’est vrai qu’elle n’est pas très sympathique.
— Madame est professeure ! Elle ne se prend pas pour n’importe qui…
— Elle ne nous dit jamais bonjour.
— Je crois même qu’elle nous évite.
— Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
— La dernière fois, je l’ai entendue ouvrir sa porte en même temps que moi. Elle l’a refermée aussitôt. Elle a attendu que j’aie quitté l’immeuble pour descendre.
— Elle aura changé d’avis, ou oublié quelque chose.
— Non, je l’ai guettée au coin de la rue et je l’ai vue sortir, deux minutes à peine derrière moi.
— Elle est vraiment étrange, ça coûte quoi de saluer ses voisins ?
— Si au moins ils avaient une raison de se comporter ainsi, mais non… auraient-ils un seul motif de nous en vouloir ?
— Ne te fais pas de mal, tu sais très bien que nous avons toujours été aimables avec eux.
— Comme nous le sommes avec tous nos voisins.
— Naturellement !
— Tout de même, c’est effrayant ces hurlements, tu entends ? On dirait qu’on appelle à l’aid