Fenêtres
J’ouvre les yeux. La journée d’aujourd’hui est sur le point de commencer, mais les rêves de cette nuit et les évènements d’hier m’enveloppent encore et m’empêchent de repartir à zéro. Ma tête est tout embrouillée. Le réveil n’a pas encore sonné. Recroquevillée sous la couette, je tends la main pour attraper mon téléphone et l’air froid de la chambre me picote immédiatement le bras. Je regarde l’heure affichée sur l’écran et me demande ce qui m’a réveillée. Je désactive le réveil qui devait sonner quelques minutes plus tard. Je m’étire pour chasser la fatigue, sans succès. Le froid de la chambre me semble encore plus vif que d’habitude et je ne me sens pas encore prête à affronter la journée à venir. Je me recroqueville à nouveau et savoure la chaleur qui subsiste dans le lit.
J’allume encore une fois mon téléphone. La lumière de l’écran commence par m’aveugler, mais mes yeux s’y habituent au bout de quelques instants. J’effleure l’écran glacial et fais défiler les nouvelles du jour. Une connaissance s’intéresse au langage des chats ; une autre déteste un homme politique ; quelqu’un est bloqué à l’aéroport de Moscou ; une célébrité a succombé à son cancer ; un tel cherche un appartement « à 650 max. » ; un autre s’est étouffé avec un jouet Kinder ; une amie a mangé des nouilles avec des champignons ; l’extrait d’un livre en a marqué une autre ; et au milieu de toutes ces informations, une photo retient mon attention. C’est elle. Elle porte une robe légère et regarde l’objectif ou la personne qui a pris la photo en souriant. Une lumière estivale fait rayonner son front. Je trouve la photo réussie, elle y est belle avec cette robe, dans cette lumière.
D’un petit mouvement du pouce, je fais à nouveau défiler les nouvelles. Les anecdotes, les publicités et les photos se suivent l’une après l’autre, et tout à coup, elle apparaît encore ; sur cette nouvelle image, elle pose avec une fille que je fréquentais à l’université. Elles sont assises dans un café et donnent l’impre