Bas la place y’a personne
Des trois prêtres hiérarchiquement les plus importants, le dernier, l’archidiacre don Ulisse, maigre, très grand, visage étroit et long, si coloré que s’il avait été pape il aurait fait penser à un cierge allumé, habitait à la Rotonde ; les deux autres, l’archiprêtre et le vicaire, résidaient dans les Rues Basses.
L’archiprêtre, don Nicola Graziosi, petit, très maigre, droit et tordu comme une ligne brisée, dans un grand camail gonflé d’un peu de lui, et d’un peu d’air : je ne sais ni l’endroit où il habitait ni avec qui. Mais la jeune femme enfuie avec son amoureux à trente ans, quand elle aurait déjà dû avoir un peu de jugeote, ou s’être jetée à l’eau tout habillée, devait être sa nièce. Elle s’enfuit de là, des Rues Basses. Je me souviens d’elle : elle avait un peu le visage d’une vieille avec un semblant de menton qui deviendrait avec le temps comme celui de la Bonomi naine, Peppina comme elle. Un prêtre à la maison conditionnait un peu toute la famille, surtout les nièces. Peppina était une nièce, elle avait certainement conquis l’estime du village pour qu’il y eût un tel tapage quand, elle, fade et estimée, « s’enfuit ».
S’enfuir signifiait partir avec un homme et puis recoller avec le mariage les pots cassés dans la fuite. Tous la condamnaient. Si elle n’a pas de jugeote à sa trentième année, jette-la à la rivière tout habillée. Je pensais : « Et si elle s’y était jetée elle-même ? »
Jamais cette nouvelle ne circula, même pas comme supposition, mais pas non plus qu’elle fût revenue.
De la maison du vicaire, le plus important des trois parce qu’il remplaçait l’évêque, don Argeo De Mattia, éminent savant comme l’étaient alors beaucoup de Trejesi, ecclésiastiques et laïcs, sortait madame Artemisia ; au milieu de la rue Amos, immobile et droit, visage rond et brun, l’un des deux jumeaux neveux du vicaire ; l’autre s’appelait Matteo.
Le vicaire don Argeo, haut comme un peuplier, boitait avec un naturel élégant, s’appuyant à une mince canne noire. Artemisia était u