Nouvel an
Il a mal aux jambes. En dessous, à l’endroit des muscles qu’on sollicite rarement et dont il a oublié le nom. À chaque coup de pédale, ses orteils cognent contre le revêtement intérieur de ses baskets, qui sont faites pour la course, pas pour le vélo. Le cuissard de cycliste premier prix ne protège pas correctement des frottements, Henning n’a pas d’eau sur lui, et le vélo est clairement trop lourd.
Pourtant, la température est presque parfaite. Le soleil est blanc dans le ciel, mais il ne tape pas. Si Henning était installé sur une chaise longue à l’abri du vent, il aurait chaud. S’il se promenait en bord de mer, il enfilerait une veste.
Faire du vélo, c’est de la pure détente – à vélo, Henning reprend des forces, à vélo, il est seul avec lui-même. Une bouffée d’air entre le travail et la famille. Les enfants ont deux et quatre ans.
Le vent lui permet de ne pas transpirer. Ça souffle fort aujourd’hui, trop fort même. Dès le petit-déjeuner, Theresa a commencé à se plaindre, elle aime se plaindre du temps qu’il fait, ce n’est pas méchant, mais ça agace quand même Henning. Trop chaud, trop froid, trop humide, trop sec. Aujourd’hui, trop de vent. Impossible de sortir avec les enfants.
Devoir rester enfermés toute la journée, on ne part pas au soleil pour ça. C’est Henning qui tenait à ces vacances. Ils auraient pu fêter Noël à la maison, sans se ruiner et dans le confort de leur grand appartement de Göttingen. Ils auraient pu rendre visite à des amis ou prendre une location à Center Parcs. Mais d’un coup, Henning s’était mis en tête de partir à Lanzarote. Chaque soir, il surfait sur internet, à contempler des photos d’écume blanche sur des plages noires, de palmiers, de volcans, d’un paysage semblable à l’intérieur d’une grotte de stalactites. Henning étudiait des tableaux de normales saisonnières et envoyait ses trouvailles à Theresa. Surtout, il faisait défiler des photos de villas blanches à louer. L’une après l