Essai

Ai-je planté le nombre d’arbres correspondant à ma consommation en oxygène ?

Écrivain

Avec Databiographie (Flammarion), on a vu comment Charly Delwart sait faire de sa vie, intime ou sociale, une aventure mathématique et statistique. Une infographie multiple y représente l’ordinaire pour l’éclairer et surtout en raconter l’histoire. Aujourd’hui, pour AOC, il est question de quantifier ce dont la respiration a besoin. Il est, en somme, question de dette – envers la vie.

Il y a ceux qui contribuent à leur consommation d’oxygène, et ceux qui respirent comme si cet oxygène était acquis ou coulait de source. C’est une autre façon de diviser le monde qui surgit à la lecture d’un article où les données sont simples : un adulte consomme par jour en oxygène la production quotidienne de dix arbres, soit environ quinze mille litres. L’information peut provoquer différentes réactions. Vous vous demandez quels sont ces dix arbres exactement. Vous inspirez en remerciant la nature et continuez votre vie comme avant. Vous faites un câlin à dix arbres de façon aléatoire. Cela vous est égal, l’oxygène est fourni dans le kit de bienvenue sur la Terre. Vous enregistrez l’information pour y penser plus tard car là vous avez justement une forêt à abattre pour le compte d’un groupe pétrolier. Vous en avez planté déjà plus de dix dans votre vie, d’autres respirent donc grâce à vous, vous vous sentez être quelqu’un de bien soudain. Ou vous vous rendez compte que respirer n’est plus un acte anodin, d’autant qu’une crise climatique sans égal est en cours, et vous vous demandez : ai-je planté de quoi assurer ma consommation d’oxygène (sans que ce soit à l’époque pour cette raison, mais cela compte quand même dans le calcul) ?

Je compte rapidement, j’arrive à une vingtaine d’arbres plantés. Mais un arbre en pot compte-t-il comme un arbre en terre ? Je table sur oui mais n’inclus pas dans ce chiffre les plantes de faible gabarit (buissons, plantes aromatiques, bulbes de fleurs) même si l’oxygène peut être aussi produit par des plantes basses ou des champs de culture – il faut alors deux cents mètres carrés par personne, et davantage dans la mesure où l’oxygène est produit par des plantes en croissance, j’en suis loin. Je ne compte que les arbres toujours en vie, ceux plantés et décimés par un été caniculaire où j’étais absent pour les arroser sont absents de ce calcul.

Je m’en sors à priori, mais en poursuivant l’article, les données sont plus problématiques c


Charly Delwart

Écrivain, Scénariste

Rayonnages

FictionsEssai