Poésie

Prochaine phase de jeu

Écrivaine

« Tu me dis que la version américaine du football est un jeu de gagne-terrain et de possession. » La passion amoureuse, chez Diaty Diallo, c’est aussi intense que chez Racine. Mais avec plus de sexe. On a découvert la musique et le rythme de cette jeune écrivaine dans Deux secondes d’air qui brûle, son premier roman paru à l’automne dernier. La nouvelle-poème-chanson inédite d’aujourd’hui prolonge les réjouissances.

Je sais pas mon gars,
si je préférerais pas,
ah gars,
te penser.

Penser à toi, t’observer de loin, plutôt que de te savoir.

Plutôt que de voir où ça va.

Plutôt que de savoir où tu vas.

Plutôt que d’aller avec toi.

Te voir de loin, t’avoir en pensées plutôt que de savoir que tu ne me sauras, moi, pas.
Que tu ne voudras jamais me savoir, moi, moi.

Je ne sais pas,
ah gars,
si je ne préférerais pas
ne pas te connaître,
(si je m’y mets, si je dégaine, je peux t’abattre.)
Et je sais déjà que toi, toi, là, tu ne chercheras jamais à me savoir, moi, moi, moi.

Ah ça non.
Je sais, je connais.

Tu,
préféreras rester sur cette idée que tu as de moi. Une personne vaguement jolie avec des cheveux. Tu,
aimeras mieux l’esquisse. C’est,
pour ça qu’on croque avant de dessiner vraiment. Tu,
aimeras peut-être même mieux encore ce qui la précède : l’idée. Celle,
de tirer sur mes cheveux pour me faire m’asseoir devant toi.

Et tu,
Croqueras, croqueras, croqueras – tu t’essayes.

Tous ces traits qui t’entourent la taille.
Mes cheveux par poignées, brouillons,
tu me gardes au seuil de ta fiction.

 

 

Tu me demandes un jour. On regarde Friday Night Lights sur mon ordi, tu me demandes ce que je préfère, quoi, je préfère quoi. Tu me dis « Hey ma belle, tu préfères quoi, être ma femme ou la femme du coach ? » Je réponds rien car je ne sais pas. Je ne pense pas vouloir être ta femme, je m’imagine plutôt en icône passionnelle. J’aime l’idée d’être la femme du coach, ou son gourou sexuel.
Dans les quatre cas, il faudrait que je m’implique un peu.

 

 

Déjà à la base t’existais rien du tout.
J’avais de la place sous l’os de mon crâne.
J’avais de l’air dans mon hippocampe, putain c’était carré, j’allais bien.
J’avais pas d’addiction humaine. Que des addictions non-humaines, des basiques, des concrètes, comme toi : une cousue, un shot de rhum par là, ça va mieux.
Des addictions logiques pour quelqu’une d’heurtée comme moi, d’un peu child, d’un peu ouin-ouin.

Avant.
Je me levais sans pensées.
Je me le


Diaty Diallo

Écrivaine