Récit

L’appartement de Vienne

Écrivain

« Oliver Rohe a passé son enfance dans le Liban en guerre, de mère libanaise d’origine arménienne et de père allemand », écrivait Éric Loret dans AOC, en janvier dernier, au sujet de l’auteur de Chant balnéaire, puis il précisait que « pour le côté allemand, on en sait moins ». Avec le texte d’aujourd’hui, à propos de l’appartement où Rohe faillit écrire, justement, son récit en vers sur la guerre civile libanaise, on en saura plus sur sa relation à la langue allemande. Et même à ses langues. Et même aux relations qu’elles entretiennent entre elles. Un autre type de conflit, de chaos, de politique. Et d’humour salé.

Le jour où j’arrivais en Allemagne, dans la première quinzaine d’octobre, pour un séjour professionnel de longue durée, Beyrouth connaissait une brève rechute dans la guerre civile et il faisait beau. L’Allemagne que j’ai souvent habitée ces deux dernières décennies et de laquelle je me suis toujours empressé de repartir est historiquement le pays le plus propice à mon travail et elle le demeure sans doute à celui que je mène depuis une dizaine d’années maintenant et que je suis venu achever ici dans un isolement complet. Il n’y a que dans les villes allemandes, parmi le plus grand nombre d’Allemands possible, de gens parlant allemand, avec des intonations allemandes, que je retrouve la configuration politique indispensable à mon travail, sans laquelle le travail, de manière générale, d’abattre un quelconque travail, ne me viendrait même pas à l’esprit. C’est un endroit, l’Allemagne, où je me sais encerclé d’une musique que je ne comprends pas, vraiment le seul, de tous, à me placer en conflit immédiat avec la langue allemande. C’est le pays de ma nationalité.

Il était assez improbable, à vrai dire, que je puisse revenir comme je le fais cet automne en Allemagne, à Berlin, tellement Berlin est une ville hospitalière et tellement elle manque en conséquence de logements. Avant que le miracle dont je profite ici ne se produise, j’ai dû fouiller pendant des jours les sites de sous-locations et de locations meublées. Il m’a fallu souscrire à quantité de newsletters, poster des annonces dans le vide et mettre des alertes immobilières partout et sans discernement, y compris sur des sites d’arnaques évidentes. Je me suis surpris quelquefois à consulter les pages des divers expatriés de Berlin qui sont vraiment les pires de toutes les pages consacrées à la ville. Après des semaines de recherches pourries, je me suis résigné à écrire à des gens à qui je n’avais pas parlé depuis l’époque où j’habitais à Berlin, et même depuis l’époque plus lointaine où je ne faisais que de brefs séjours en Allemagne, quand l’Allemagne était encore carrément sous Schroeder. J’ai même fini par solliciter en vain des collègues de mon père allemand à défaut de mon père lui-même mort il y a vingt ans.

J’ai espéré un temps, à court de solutions, me tourner vers l’Autriche limitrophe, convaincu que ce devait être à peu près pareil, niveau musical, que du côté allemand de la frontière, pensant qu’avec l’hypothèse autrichienne, si elle venait à aboutir, j’ajoutais un cercle autour du cercle, j’élargissais l’encerclement. Le travail qui n’a cessé de m’appeler ces vingt dernières années en Allemagne n’aurait plus à dépendre du sol allemand mais uniquement de sa langue. Il se trouve aussi que j’avais un super bon plan à Vienne. Une chambre paisible et confortable, dans un appartement bourgeois inhabité, proche des jardins du Belvédère mais proche du centre, une planque idéale pour qui souhaiterait se donner entièrement à sa besogne d’après la personne de confiance qui me l’avait proposé et qui n’est rien de moins qu’une relation amoureuse de jeunesse. J’avais toutes les raisons d’accepter le plan de mon ancienne amoureuse autrichienne qui n’avait cessé, par ailleurs, de m’en vanter les mérites au téléphone. Le grand appartement inhabité était celui d’un ami d’enfance. Elle-même habitait dans le giron du Belvédère. Elle serait là en cas d’emmerdes. Elle était déjà là lorsque j’avais fait la connaissance de mon père, à la gare centrale de Munich, quelques années avant sa mort. Elle m’avait accompagné et soutenu. Elle avait joué parfois les intermédiaires, les interprètes, quand la langue bloquait des deux côtés. Ce serait l’occasion de renouer.

Sur place à Vienne, Tobias, mon plan, mon logeur futur, m’avait fait découvrir la planque idéale avec un enfant en bas âge qui gigotait sans répit dans ses bras et que lui-même ne laissait pas non plus ramper sur le parquet comme il le réclamait à grands cris, de sorte qu’il m’avait semblé très malaisé, dès le début de notre rencontre, de lui arracher l’attention minimale qu’exigeait la visite d’un lieu que je destinais, en plus, à un travail sur la guerre civile libanaise et des réponses un tant soit peu claires à propos de la chambre qu’il voulait bien me louer au sein de l’appartement inhabité — de l’appartement de sa mère morte il y a trois ans d’un arrêt cardiaque et encore figé dans la mère morte. Aujourd’hui ce bien familial immense leur servait essentiellement, à lui, Tobias, ainsi qu’à sa sœur aînée Ophelia, tous deux résidents de l’immeuble, de parc à landaus et de cuisine d’appoint pour les biberons qu’ils donnaient ensemble ou séparément à leurs enfants respectifs en amont ou au retour de leur promenade dans les allées tranquilles du Belvédère. La cuisine un peu en contrebas débouchait, une dizaine de mètres plus loin, sur la chambre d’amis dans laquelle j’étais enjoint de ne jamais dormir afin qu’elle demeure disponible et les draps propres aux éventuels invités de passage et enfin, derrière la porte vitrée, sur une parcelle du jardin privé de l’immeuble. C’est dans ce jardin que les enfants — pas simplement le bébé qui rampait encore sur le parquet dans le dos de Tobias, mais deux autres enfants et même trois et quatre si j’ai bien compté les landaus dans l’entrée — jouaient certaines après-midi à l’air libre pendant que lui, Tobias, ou sa sœur Ophelia, ou les deux ensemble, leur préparaient le goûter à l’intérieur, dans la cuisine en bordel. Quelles après-midi de la semaine, au juste, les jeux dans le jardin et les biberons, et à quelle heure, pour combien de temps, Tobias n’était pas en mesure de me le dire avec précision. Il n’aimait pas trop la précision de manière générale alors que la précision est ce que j’aime le plus au monde et ce qui s’avère le plus nécessaire à mon travail sur la guerre civile dans le pays natal, en plus de la solitude, en plus de l’encerclement. Je pouvais profiter, d’après Tobias qui me l’expliquait en contournant mon visage pour mieux observer les mouvements du bébé sur le parquet, de la totalité du matériel de cuisine accumulé dans les placards depuis les années quatre-vingt-dix et étiqueter à mon nom les aliments et les boîtes que je conserverais au frigo. J’avais le droit de faire ma lessive dans la buanderie à condition d’éviter les programmes courts. Un sèche-linge parfaitement en marche était à ma disposition. Les quelques invités de la famille qui viendraient passer une nuit ou deux dans la chambre libre n’utiliseront pas les toilettes ni la salle de bain dont j’avais la jouissance exclusive, mais iront, même la nuit, se soulager et se laver là-haut dans les appartements de Tobias ou de sa sœur Ophelia. Il me l’avait assuré, ce détail, en décroisant les bras, en s’accroupissant pour caresser la tête de l’enfant accroché à sa jambe et je m’étais accroupi avec lui, à la même vitesse, pour ne lui laisser aucune chance de se soustraire à mon dialogue. L’enfant l’emportait. Je traversais au ralenti, un peu désœuvré, le couloir de la cuisine et ensuite la fameuse chambre d’amis jusqu’à la porte vitrée, sans l’ouvrir, sans oser la toucher. Il m’était bien sûr permis de boire un café le matin sur la table de dehors, au seuil de la pelouse, avec cette précaution importante de ne pas y rester toute la journée et d’avouer immédiatement mon statut d’invité de la famille au propriétaire de l’immeuble qui pourrait — c’est déjà arrivé — franchir la barrière des buissons délimitant la pelouse pour me demander ce que je foutais là, tout seul, dans son jardin et son immeuble, dans son Autriche en général.

À ce stade de la visite, Tobias n’avait pas réussi à me dégoûter, son plan, clairement, je le prenais. J’avais déjà encaissé la désinvolture du personnage et l’embrouille à trois mille mètres autour du partage des espaces communs. Le short cycliste et le polo détendu quand je m’étais présenté à lui en veste noire et chemise blanche, comme pour un entretien d’embauche, comme pour faire oublier l’accent de dirigeant arabe avec lequel il me semble m’exprimer en anglais, pareil, j’étais passé outre. L’odeur dans le frigo était même pardonnée. Même la banquette exiguë dans le coin, sur laquelle je devais dormir comme, à l’enfance et à l’adolescence, sa sœur Ophelia et lui-même ont souvent dormi, j’étais prêt à m’y faire. J’arrivais sans mal à me persuader que la grande pièce rectangulaire que je serai seul à occuper cet hiver et qui était de loin la plus froide et la plus austère de l’appartement familial, la plus ordonnée, la plus implacable, était exactement le genre de pièce où je pouvais tenir ensemble les langues qui me composent — l’arabe et l’arabe dialectal, le français de l’éducation et de la littérature française, l’absence d’allemand, l’anglais parlé en Allemagne, l’arménien su et rejeté — à l’état d’anarchie, en conflit ouvert les unes avec les autres. Retirer le cercle allemand ou l’arabe dialectal ou n’importe quelle autre de ces langues et le travail n’est plus possible, le conflit s’effondre, c’est l’hégémonie de l’une sur les autres, le tarissement, c’est la république française. Toutes les fois que le travail sur la guerre civile dans mon pays natal a échoué au cours de ces dix dernières années, il a échoué pour un défaut d’anarchie, parce que la configuration politique a bougé. Mais chacun de ces échecs m’a permis, en retour, de ne jamais venir à bout de mon travail et de repartir à nouveau en quête d’une planque en Allemagne ou même, carrément, d’une planque en Autriche, à l’image de celle-ci, abordable et propice. J’avais pensé très fort ces arguments-là en réalité jusqu’à me rendre compte que l’homme chauve et massif que j’avais salué tout à l’heure dans le hall de l’immeuble sans qu’il ne daigne répondre à mon geste se trouvait désormais à l’intérieur de l’appartement et qu’il n’était rien de moins que le mari de la mère morte, le veuf, le père. Et, tout comme ses enfants Tobias et Ophelia et la tante de Tobias et Ophelia qui habitait également dans l’immeuble, à l’étage du dessus, il avait les clés. Il n’arrêtait pas de les faire crisser dans sa main au milieu de l’entrée et de dire des vérités à son fils en allemand sans me calculer, ayant ici plus encore que dans le hall toutes les raisons de ne pas me saluer ni m’adresser la parole, maintenant qu’il avait la preuve que j’étais le locataire à venir de la pièce rectangulaire, l’occupant, le profanateur du mausolée de sa femme tandis que lui était et restera, plus que jamais, le gardien du mausolée de sa femme.

Tobias après le départ soudain de son père — mais il reviendra, par deux fois, ouvrant la porte avec ses clés, plaquant une trottinette électrique contre le mur, un vélo à quatre roues contre le bar, allant d’une pièce à l’autre, exerçant déjà ses fonctions de gardien, me rappelant déjà à mes frontières — m’avait annoncé que celui-ci utilisait la cuisine pour des déjeuners informels avec des hommes d’affaires en provenance des quatre coins de l’Autriche. C’était de temps en temps, une fois par semaine, deux fois selon les circonstances, tout dépendait des affaires et de leur cours, de leur secret. Lorsque ces déjeuners de deux ou trois heures auront lieu, il serait préférable, pour ma propre tranquillité, que je quitte l’appartement et que j’aille profiter des musées et des cafés de Vienne, parmi les plus merveilleux sur la terre.

Il y a toujours un impensé dans un plan et dans le mien c’était le père. Mais dès son apparition dans l’entrée, et a posteriori dans le hall, il m’avait paru évident que la planque était compromise et que si je faisais la connerie de la louer, comme j’en avais jusqu’alors la ferme intention tellement Berlin manque de logements et Beyrouth de présence allemande, il s’emploierait à profaner mon espace de travail de la même manière que je profanais dans son esprit le mausolée de sa femme. Le père sera à mon encontre méthodique et muet. Il déposera chaque jour des objets plus ou moins encombrants au milieu de l’entrée dans l’espoir que je commette l’erreur de les balancer, il se mettra à jardiner alors qu’il a une horreur légendaire des jardins, fera tourner des machines, des percolateurs, prendra l’initiative de réparer un tuyau le matin s’il découvre que je travaille le matin ou un robinet le soir s’il comprend que je travaille le soir. L’un ou l’autre, il le saura, à force de m’avoir à l’œil. Le mois d’après c’est l’escalade. Il entrera sans frapper, à toute heure, sans dire un mot, pour arroser les plantes vertes de ma planque et farfouiller dans un tiroir, tandis que je suis à mon bureau ou étendu sur le sol ou sur la banquette minuscule. Plus tard, quand je serai à mon tour en train de me promener dans les allées paisibles et fleuries du Belvédère en pensant au travail sur la guerre civile libanaise qui n’avance pas dans les temps ni comme je le souhaite, lui, le père, le gardien, s’occupera de remettre à leur place la table basse et le fauteuil jaune dont j’aurai changé la disposition afin d’améliorer modestement mon sommeil. Il cuisinera toute une nuit pour ses hommes d’affaires festoyant toute l’après-midi du lendemain sur les bancs de la cuisine et la laissant dans une saleté innommable. Je me connais. Au lieu de me donner entièrement à ce que je m’étais promis d’accomplir entre ces murs, dans cette pièce froide et austère, si propice, hier encore, à ma configuration politique, beaucoup de mon temps de travail et de mon temps libre, je le donnerai maintenant à la prédiction des nuisances du père plus que de toute autre nuisance alentour, qu’elle me vienne de Tobias et d’Ophelia, de leur tante et de leurs enfants respectifs, de leurs amis de passage, des hommes d’affaires repus et chancelants, du propriétaire de l’immeuble, ce grand malade, de l’Autriche en général.

Au premier jeudi du mois suivant, le père déplacera en mon absence, peut-être dans mon sommeil profond, les meubles les plus imposants de ma planque, sur lesquels trônent des portraits peints et des photographies de sa femme, de façon à ce qu’ils construisent un parcours d’obstacle, un dédale, autour de ma banquette, le trajet vers le bureau là-bas derrière la fenêtre, à quoi se résume le but de mon existence actuelle, me sera alors toujours plus long et toujours plus coûteux. Remettre les meubles de trois tonnes à leur place sera impossible et s’il ne l’est pas, il ne sera d’aucun effet, sinon d’accroître, en représailles, la détermination de mon hôte. J’aurai de mon côté de la réalité le pressentiment que le cercle allemand qui m’avait cette fois appelé à Vienne pourrait bien se retourner en piège comme il s’était déjà retourné en piège à Berlin, il y a une douzaine d’années, la nuit où le taxi qui me conduisait de l’aéroport de Tegel vers mon appartement dans le centre s’était endormi plusieurs fois au volant et avait manqué nous jeter à intervalles réguliers dans la Spree, sans que je sois en mesure d’agir contre notre mort en le tenant éveillé par ma conversation, mes bordées d’injures ou mes prières, toutes bloquées à la racine, faute de parler la langue de ma nationalité et lui mon anglais de dirigeant arabe. Il y avait une leçon évidente à tirer de cette expérience : apprendre l’allemand ou prendre le risque de mourir, et pire que mourir : prendre le risque d’un contrôle d’identité et échouer à justifier de ma nationalité allemande par la langue. Oui, mais l’allemand ne doit jamais s’apprendre, sinon il cesse d’être un manque, une demande de cercle, un fragment de l’anarchie. La leçon que j’ai moi-même tirée de tout ça : me casser de Berlin.

Le troisième mercredi du mois, selon ce calendrier d’attaques dont il a seul la maîtrise, le veuf commencera à dormir dans la chambre d’amis donnant sur le jardin, à trente mètres de ma banquette, plutôt que dans son appartement sur le palier d’en face. Il utilisera la douche puis les toilettes. C’est une évidence. À un moment donné, ne pensant plus du tout à la guerre civile libanaise et encore moins à mon travail qui n’attendait pas mieux, au fond, que de repartir de zéro, je me mettrai à concevoir des stratégies suicidaires — plus de surveillance de mes pensées et de mes gestes, plus de restrictions, plus d’État — pour hâter la victoire inéluctable de mon hôte, de mon gardien, pour que mes frontières deviennent si nombreuses et intenables et ma haine de lui si grande que je n’aurai plus d’autre choix que de m’en aller au plus vite et de lui laisser la place que j’usurpais — étant l’étranger, de retourner donc comme j’étais venu de l’étranger. Le père, si j’acceptais le plan de Vienne, triompherait à coup sûr. Il ferait de la pièce rectangulaire le mausolée de mon travail puisque ma présence empêchait la pièce rectangulaire de demeurer le mausolée de sa femme.

L’ennemi avait pris une telle envergure dans ma réflexion, pendant et après ma visite, que j’en avais oublié mon alliée, l’ancienne amoureuse autrichienne à qui je devais, à la base, le plan en or de Vienne. Est-ce qu’elle ne pourrait pas jouer au Belvédère aussi, vingt ans plus tard, les intermédiaires qu’elle avait joués à la gare de Munich ? Sans doute qu’elle le voudra. Ses médiations pourraient même s’avérer efficaces, en tout cas au début, les premiers jours, la première semaine — ensuite les positions se reconstituent, le mal se reconstitue. Mais est-ce je le voulais, surtout, est-ce que je voulais qu’elle reprenne le rôle qu’elle n’avait joué qu’une seule fois auprès de mon propre père ? Si je renouais avec elle, après tant d’années d’éloignement, les chances seront grandes, à moins que nous n’ayons aujourd’hui plus rien en commun, que l’on se revoie pour évoquer nos souvenirs de jeunesse et notre vie présente. Je ferai ensuite la connaissance de son mari et de son enfant unique dans les allées du Belvédère. Ils m’inviteront à dîner à la maison, tout près de ma planque, une semaine sur trois. Les autres semaines nous nous verrons tous les deux pour une promenade, une bière dans un bar, un concert, pour notre simple café habituel du dimanche, si bien que notre lien renouvelé se mettra finalement en travers de l’isolement complet que je serai venu chercher à Vienne, en plus de l’encerclement. L’encerclement aussi, tout bien considéré, sera défait à son tour comme nous aurons pris l’habitude de parler ensemble le français qu’elle n’avait plus, autrement, l’occasion de pratiquer. À cause de ce simple lien restauré avec mon ancienne amoureuse de jeunesse je me condamnerai à parler beaucoup trop souvent le français sur les lieux mêmes de mon encerclement et à le parler, de surcroît, mieux qu’elle ne le parle, mieux que l’autre en personne.

Ce serait la mort de l’anarchie.

Il restait Majorque, mais la musique allemande à Majorque est elle-même encerclée de musique espagnole qui, elle, est encerclée d’eau.


Oliver Rohe

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