Tout prend feu
ALORS, J’ENFILE UN GROS BLOUSON – MOLLETONNÉ A L’INTÉRIEUR, POUR GARDER LA CHALEUR – ET SORS DANS LA RUE, MARCHER AVEC ELLES DANS LE BLEU DE LA NUIT, AFIN DE CRIER UN PEU PLUS FORT DANS LE CORTÈGE.
— T’es toujours motivée pour ce soir ?
— Il fait très moche mais oui, bien chaude de gueuler sur du mec cis het, j’ai passé une semaine de merde.
— Moi aussi.
— J’ai l’impression de me faire baiser par la vie mais sous le prisme du syndrome de Stockholm.
— Faudrait peut-être calmer le jeu sur le quota de bons gros mascu, qu’on ramène dans notre pieu.
— Pas faux. T’as un K-way à me prêter ? C’est le déluge dehors.
— Oui, par contre tête de cortège en mixité choisie, habille-toi en noir.
Je sors, en dix mètres c’est foutu. J’ai des petites mares d’eau glacée qui se forment dans mes gazelles défoncées par les années. Mais ça me gêne pas tant que ça. Par contre, ce putain de mistral, qui vient faire fouetter les gouttes de pluies pour geler mon âme un peu plus, me donne des envies de meurtre. Surtout quand je manque de me vautrer à cause d’un mec au sourire édenté par la connerie, aspergé de One Million qui me demande je sais plus quoi. Putain j’ai plus de patience. J’entends au loin Nous sommes Fortes, nous sommes Fières et Féministes et Radicales et en Colère, ça fait du bien. Ça ranime le feu dans mes tripes. J’ai bien fait de sortir.
T’en es où ? – envoyé –
Je sors de chez ma pote attends-moi au croisement. – vu –
Ça marche à toute. – envoyé –
Je rentre dans un snack qui vend des burgers, kebabs et autres trucs bien gras à trois viandes un peu louches, que j’aurais d’ailleurs sûrement dû m’envoyer vu la gueule de bois que je me tape. Mais je suis à -40 sur mon compte, alors je demande juste un verre d’eau pour essayer d’hydrater le peu de cerveau qu’il me reste. Le mec doit sûrement avoir un peu pitié de moi – ou alors il est juste très gentil – et m’en propose un deuxième. Je dis oui en lui souriant un peu de travers à cause des tremblements provoqués par les reste