Jeanne et le Coulé
Jeanne ne se demandait pas si ce qu’elle avait fait était bien ou mal, elle ne pensait pas
à ce qu’elle avait fait car si elle le faisait, elle se demanderait
sûrement si cela relevait du bien ou du mal, alors elle ne pensa à rien, à rien
d’autre que ce qu’elle avait fait, ne sachant déterminer le bien du mal.
Le Témoin se dit qu’il avait probablement halluciné, ne sachant quoi penser,
il hallucina, alors il rangea sa capote, parce que le Témoin est écolo même
lorsqu’il s’agit de baiser, et halluciné il remballa son slip et rebroussa
chemin.
Jeanne ne sachant quoi penser, se forçait à ne pas halluciner, s’efforçait à ne
pas penser qu’elle l’avait
Couler,
se convaincant que ce n’était que deux sacs de pierre, deux sacs de pierre à
première vue pas si lourds, mais croyez-le, ils l’étaient, elle ne put
s’empêcher de penser à ne pas halluciner.
Le Témoin pensait à ne pas avoir d’accident, parce que c’est vrai, devant un
tel acte, qu’il ait halluciné ou non, ce serait con de faire marcher l’assurance,
alors
concentrer
concentrer
concentrer
à ne pas avoir d’accident
à penser qu’il avait halluciné.
Jeanne tâchait de ne pas penser à le repêcher, elle avait des cannes
hallucinées, qui pourraient être ses bras, des hameçons sûrement pas assez
forts pour repêcher l’homme et ses sacs de pierre, alors elle ne
penser
penser
penser
qu’il était mort, et que de toute façon, repêché ou non, il pourrirait quoi qu’il
fasse, alors Jeanne décida de ne pas halluciner, de se mettre un peu d’eau sur
les joues, parce qu’apparemment dans les films ça marche bien.
Le Témoin ne pouvait s’empêcher de penser qu’il était jeune le Coulé et
qu’être jeune était un jeune âge pour mourir, et que s’il ne s’appelait pas le Coulé
mais le jeune, et que le jeune était pédé, il l’aurait probablement baisé
dans les bois derrière la plage, comme il le faisait toujours, avec ses capotes
usagées, parce que le Témoin est écolo et qu’une capote c’est réutilisable.
Jeanne ne pouvait s’empêcher de penser