Petits travaux pour un palais
(…) il était facile, du moins pour moi, de penser que les déambulations imaginaires de Woods ne cessaient de croiser ou de longer les chemins autrefois empruntés par Melville, puis par Lowry, et c’est ainsi qu’au bout d’un certain temps, peut-être un an après ma première marche, je me suis mis à emprunter ces chemins avec la certitude de suivre les traces de Melville, de Lowry et de Woods, et aujourd’hui je peux affirmer que j’étais convaincu que la route de Melville, que j’avais établie pour moi-même, était celle où le génie de Melville, celui de Lowry et celui de Woods s’étaient exercés, et que je n’avais plus qu’à inscrire mes pas sur ce tracé pour attester que ces trois génies étaient bien passés là, et je me suis attelé à cette tâche avec le plus grand sérieux, non pas, comment dire, que je me sois comparé à eux, non, absolument pas, cela n’a rien à voir, en fait, à travers ma marche, une fois par semaine je rendais hommage à Melville, qui – tout comme Lowry avec son adoration et Woods avec ses réflexions sur Manhattan –, dès qu’il pouvait s’extraire des soucis du quotidien, ce qu’il parvenait toujours à faire à un moment ou à un autre, s’intéressait exclusivement à l’universel, et maintenant je vais tenter d’expliquer la nature de cet hommage, et pourquoi je devais rendre hommage à Melville, Lowry et Woods, et plus généralement pourquoi nous devons tous rendre hommage, ou, mieux encore, témoigner notre profond respect, non pas envers eux, mais envers ce que ce trio, je dirais presque cette sainte Trinité, composée de Melville, Lowry, Woods, a accompli, en attirant notre attention, l’attention de toute personne sensible à notre rapport à l’universel, sur là
OÙ NOUS SOMMES.
Je ne suis pas sûr que ce soit suffisamment clair.
Mais nous sommes à Manhattan.
Et Manhattan s’étend sur un rocher.
Et ce rocher est un géant qui, par sa taille, sa masse, et son poids, exprime la plus nette interconnexion entre nous et les forces monumentales de la nature.
Et la situati