Ce que vous trouverez caché dans mon oreille
Un peintre palestinen
Deux oiseaux
quittent leur nid,
ils chantent peut‑être
pour l’artiste qui travaille
dans ce qui était jadis
un jardin bien tenu.
Il peint une nouvelle maison,
et même un nouveau jardin.
Sans éclats d’obus,
sans poutres métalliques tordues,
sans résidus de briques,
de fils électriques.
Mais il semble hésiter,
En voyant une poupée sans tête
qui gît dans les décombres.
Je me demande s’il va la peindre
avec la nouvelle maison et le jardin ressuscité.
Cela pourrait détruire l’harmonie d’ensemble.
Déranger le visiteur
venu d’ailleurs.
Je cherche une nouvelle sortie
Lourd de peur
Le rideau
ne se lève pas.
Comme souvent
le courant est coupé.
Nous sommes impuissants.
L’air est pétrifié
il nous oppresse.
Aucune lumière
pour que je puisse voir
les frontières de mon état
mon état inexistant.
Je ne trouve les mots nulle part
ni dans mon dictionnaire gazaoui
ni dans mon dictionnaire américain.
Je ne trouve aucun mot
dans mon imagination
pour combler le vide.
Tout a été emporté par les tornades
venues de l’est, de l’ouest, sans relâche
pour s’abattre sur notre théâtre :
tant d’enterrements.
L’air s’agite soudain,
bruits de sifflement.
Le moral revient, je ne faiblis plus,
je cherche une nouvelle sortie.
Pas d’applaudissements.
Le drame ne finit jamais.
Le public s’en va
Avant que j’arrive.
Marelle olympique
Assis avec ma famille et mes amis,
dans la nuit tiède du Ramadan,
je bois du thé.
Les garçons jouent à cache-cache.
Les filles à la marelle.
Les mères bavardent et rient.
Un bruit de drones bourdonnant
au-dessus de nous
met fin aux jeux, aux voix, aux rires.
Un missile rate sa cible,
il tombe dans un champ voisin.
Des éclats d’obus sectionnent les fils électriques.
La poussière recouvre le thé,
comme la mousse d’un café au lait.
Arrivent d’autres missiles,
à l’affût de tout ce qui bouge.
Les anges emportent ma nièce encore bébé.
Nous regardons autour de nous et ne trouvons
que son biberon.
Le mur et l’horloge