À la mémoire de Sonia Volkova
Je vous entends mal. Identité. D’accord. Mon prénom, Ilia. Mon nom russe ou allemand selon l’humeur. Je vous le dirai plus tard si ça me chante.
J’ai toujours été attiré par les fourmis, par la vie des reines et des soldates, des soldats, par les ouvrières. Mes attendrissements d’enfance se sont prolongés, mon émotion toujours devant ce qui est humble et couleur de basane et multiple sur la terre ou sur les feuilles.
Les peuples de la nuit sont majoritaires et vous encerclent.
Ce que vous essayez de répliquer ne m’intéresse pas. Je parle à mon rythme sans me soucier de vos questions. Derrière les mots, derrière chaque mot, des valeurs différentes. Votre nuit ne coïncide pas avec la mienne. Nous n’avons pas la même conception de la majorité, du peuple. De l’encerclement.
Les ouvrières avaient des beautés incomparables. C’est à elles que je pense en permanence. À elles, afin d’oublier pourquoi vous m’entourez et qui vous délègue.
Dans l’humidité du matin, au premier soleil, brillantes, elles passaient, très proches, élégantes, pressées, parfois rousses, parfois translucides, presque dorées, des merveilles, des joyaux, ou dans la poussière du soir, ou sur les routes qui conduisaient aux rizières, ou dans la nuit chaude des bananeraies, rarement troublées par mon sourire, ne m’accordant pas un regard. Se refusant à reconnaître les faux maîtres de la surface.
Mon ambition d’enfant traverser les frontières qui nous séparaient, consacrer à elles mes forces, mon existence.
Suffit, shut up, vos commentaires manquent de sel. Je ne tiens pas à communiquer avec vous. Si ici vibre ma nostalgie, ce n’est pas à vous qu’elle s’adresse. Je murmure ou je crie pour moi-même et pour d’autres. Les véritables destinataires pour l’instant et peut-être pour toujours anonymes.
Mes rêves d’enfance non réalisés.
J’aurais aimé lire un jour dans un ouvrage de divulgation Trois auteurs ont profondément influencé la myrmécologie contemporaine : un jésuite néerlandais, E. Gogley-Wassmann, un unive