Poésie

ah ! vous voulez la lune

Poète, photographe

L’œil de photographe et la main de poète de Suzanne Doppelt donnent vie aux mythologies et savoirs de la lune. Lumière dans le noir et inversement, reflet au fond du puits, on sent l’air autour d’elle, et on perçoit ses formes, pas à pas. Un poème inédit.

il arrive qu’une nuit soit moins noire, un ciel neigeux des rais cosmiques des vers volants les lueurs de l’air la lune double triple qui rend fou parfois aveugle, elle roule en cercle sa lumière secondaire De feu luysant elle est environnée, du soleil surtout dont elle coupe les rayons, brillant de cette prise devenue une veilleuse, de l’électricité gracieuse et modulable suivant les heures et les jours, cendrée juste avant sa reprise, réfléchit comme un miroir de verre qu’elle n’est pas

 

les yeux hors service l’homme dans la nuit s’allume une lumière, une bougie une lampe torche un bec de gaz une veilleuse mais dix ne valent pas une lampe, d’autres se font un bel autoportrait à l’abat-jour, à chaque activité la sienne, dehors celle émise par le ver luisant est comme une étincelle tombée de la pleine lune dit Fabre, capable de faire renaître les morts ou de servir de phare aux marins, dans l’eau la raie torpille produit des décharges violentes, quant au champignon il luit vert pâle, le lapin Alba rayonne, le paysage est électrique le spectre visible, le peu de lumière une ligne droite silencieuse traverse le vide un bon conducteur et à sa manière divaguant légèrement

 

ou qu’elle est selon les Anciens un disque de cristal une très bonne machine catoptrique, concave à son maximum convexe bien moins active, polie par la poussière cosmique, lisse autant que l’eau que le lait elle refait tous les spectacles, le soleil en réduction les mers extérieures les ombres de la terre, une sphère de caractère, un réflecteur dont les altérations sont celles d’un miroir qui perd un peu de son plomb ou de son âme carrée

 

par nuit claire un miroir rond à la main tu auras vite fait de produire un météore les impressions parmi l’air les chemins plats le trèfle et la sensitive endormies, toi-même et tout le reste ou s’il est combiné d’une certaine façon un homme se regardant y verra autre chose, c’est un fameux générateur de spectres, tu auras vite fait de saisir le paysage comme un t


Suzanne Doppelt

Poète, photographe

Rayonnages

FictionsPoésie