La Formation professionnelle n’a pas besoin d’un « Big Bang »
Dans un pays, le nôtre, où le capital scolaire initial fait figure de talisman et de sésame ad vitam (pour ses élites s’entend [1]) à l’instar des rentes et charges de l’Ancien Régime, il a fallu attendre 1971 pour que le législateur, dans la foulée d’un Accord National Interprofessionnel (ANI) signé par les partenaires sociaux, donne un cadre juridique à la Formation Professionnelle Continue (FPC). Celle-ci a été conçue comme un droit collectif cogéré par les branches professionnelles de manière paritaire, grâce aux bons soins de Jacques Delors, alors conseiller social du Premier Ministre Jacques Chaban Delmas, porteur d’ « une nouvelle société » [2]. C’est un projet d’inspiration personnaliste, attaché à l’éducation populaire – on parlera désormais d’éducation permanente – outil de promotion et d’épanouissement social comme de productivité. Sur ce socle et au rythme des ANI, 14 réformes de la FPC se sont succédé à ce jour jusqu’au Big Bang souhaité par la Ministre du Travail, Muriel Pénicaud, à travers le projet de loi pompeusement nommé « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel ».

La réforme Pénicaud a été récemment présentée par Mathilde Lemoine dans AOC comme « louable ». Elle permettrait même de sortir d’une logique « adéquationniste », c’est-à-dire uniquement tournée vers le besoin des entreprises et formant à des métiers en particulier. Pourtant, aucune réforme de la formation professionnelle n’a été à ce jour pénétrée à ce point de ladite logique adéquationniste.
Cette fois les préconisations des partenaires sociaux ont été en grande partie ignorées par le gouvernement, ce qui est une première.
Il faut ici rappeler que chacune d’elles, depuis 1971, a été précédée d’un Accord National Interprofessionnel signé par les partenaires sociaux – aussi bien salariés qu’employeurs – dont elles reprenaient sinon l’intégralité du moins la majeure partie des propositions. Ces accords, fruits d’un compromis entre partenaires sociaux, n’ont jamais ét