Pour le droit à la GPA
L’usage des termes tels que « location des ventres », « esclavage », « marchandisation du corps », « vente d’enfants », « pratique eugéniste », « volonté aliénée », « bébés à la carte » ou « enfants génétiquement modifiés » mettent en évidence une stratégie discursive consistant à soustraire de la délibération démocratique la régulation de la GPA, laquelle ne mériterait que condamnation et anathème. Inscrite dans la longue controverse sur le droit de l’individu à disposer de son corps, la GPA fait l’objet d’un inquiétant consensus négatif aussi bien politique qu’académique. Contrairement à une croyance répandue selon laquelle nous vivons dans une époque d’hyper-individualisme, ce n’est pas la personne qui dispose de sa vie et de son corps mais bel et bien l’État.

L’euthanasie est pénalement sanctionnée, le don d’organe après la mort est présumé et nous ne pouvons pas disposer librement de notre cadavre ni même de nos cendres : l’ordre public le veut ainsi… Égarés dans le labyrinthe des rapports du Comité d’éthique, du Conseil d’Etat, de l’Agence de la Biomédecine, de l’Office Parlementaire d’évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques, de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme et d’autres interventions expertales, nous risquons de perdre de vue l’idéologie sous-jacente du dispositif bioéthique français, en particulier lorsqu’il s’agit de penser (ou à vrai dire de ne pas penser) la GPA. Unique au monde, il véhicule à la fois une vision particulièrement pessimiste de l’individu, de la science et du marché et un fétichisme de l’ordre naturel, vision partagée par la gauche post-moderne et la droite conservatrice, allant de l’écologie politique à la conférence épiscopale.
La poursuite de l’intérêt individuel est jugée responsable du délitement du lien social. Le progrès scientifique est dénoncé comme soif effrénée de connaissance menant à l’aliénation de l’homme (voire son anéantissement) et l’économie de marché n’est appréhendée que sous l