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Emiliano Sala, martyr d’un jeu en voie d’extinction

Journaliste

À elle seule, l’histoire – triste, très triste – d’Emiliano Sala incarne la lente dérive d’un sport, le football, dans lequel désormais les transferts intéressent davantage que les buts – sans parler du jeu juste, à la nantaise, désormais sacrifié sur l’autel de la valeur marchande du corps des joueurs.

Comment ne pas y voir l’allégorie d’un jeu qui court à sa perte ? L’image a fait le tour du monde : elle montre Nicolas Pallois, le joueur du Football Club de Nantes, portant le cercueil de son meilleur ami et coéquipier Emiliano Sala.

Nous sommes le 16 février dernier, à Progreso, le village natal d’Emiliano, dans la Pampa argentine. Parti prématurément à 28 ans, le jeune homme n’est pas mort, comme d’autres avant lui, d’un accident de la route ou d’une défaillance cardiaque mais des suites d’un transfert. Funeste épilogue d’une carrière qui ne fut jamais facile.

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Emiliano Sala n’était pas le plus doué des footballeurs mais à force de travail, de persévérance et même d’acharnement, il avait fini par décrocher la récompense ultime à ses yeux : la reconnaissance. De ses pairs et des supporters, qui avaient su voir en lui le « type bien » qu’il était.

L’hommage qui lui fut rendu par les tribunes de La Beaujoire à l’occasion du match contre Saint-Etienne restera dans les annales. Touché en plein cœur, le public nantais chanta le nom du joueur sans interruption tout au long de la rencontre. Mais, au-delà de l’émotion, mesurait-il à cet instant l’ampleur du désastre en train de se tramer ?

A l’âge de la maturité pour un attaquant, Emiliano Sala venait de réaliser une première partie de championnat remarquable sous la houlette de Vahid Halilhodzic, entraîneur réputé pour son exigence. Douze buts en une demie-saison, autant que les stars Mbappé, Cavani et Neymar : cela promettait ! « Coach Vahid » lui avait d’ailleurs prédit qu’il allait en marquer plus que lui !

Avis d’expert : Halilhodzic fut un goledaor d’exception dans les années 80, deux fois meilleur buteur du championnat de France avec le F.C. Nantes.  Mais, dans le football moderne, voyez-vous, douze buts, ça se monnaye.

Emiliano Sala, lui, ne réclamait rien d’autre qu’une prolongation de contrat, depuis des mois. Et aussi une revalorisation de son salaire car curieusement, il gagnait deux fois moins que


Nicolas Guillon

Journaliste

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