Urgences, de la méprise au mépris
Les revendications portées par le Collectif Inter Urgences, à savoir : revalorisation salariale, création de 10 000 postes et arrêt de la fermeture/réouverture de lits d’hospitalisation, dépassent le simple cadre des urgences. La souffrance des soignant.e.s et des patient.e.s est le symptôme d’un dysfonctionnement global de notre système de santé. Pour rappel : en dix ans, le volume d’activité a augmenté de 14,5% [1], le personnel hospitalier 3%.

Non, les moyens n’ont pas suivi cette augmentation, contrairement à ce que prétend la ministre dans son introduction au « Pacte de refondation des urgences » présenté lundi 9 septembre. En 20 ans, 100 000 lits d’hospitalisation ont été fermés, pendant que le nombre de passages aux urgences doublait. Tout cela réalisé au forceps, afin de suivre les objectifs de l’Ondam, l’Objectif nationale des dépenses de l’assurance maladie, enveloppe fermée contenant les dépenses annuelles de l’assurance maladie dont le taux de progression diminue depuis 2002.
Le symptôme est flagrant : souffrance des soignant.e.s et des soigné.e.s. Le diagnostic est posé : l’hôpital manque de moyens, n’en déplaise à la ministre. Quelle thérapeutique propose-t-elle ?
Ce que les urgences gagnent d’un côté, d’autres le perdent : le budget de la santé est cadenassé, verrouillé.
Ainsi Mme Buzyn annonce 754 millions sur 3 ans. Somme relativement importante, au premier regard, un peu moins quand on compare à l’ensemble de ce que coûte les soins hospitaliers publics : 71 milliards ; ou au budget d’un établissement comme le CHU de Toulouse pour une année : 1,3 milliard. S’agit-il d’une augmentation du budget global ? Aucune précision n’est apportée. Si le ministère des finances avait décidé d’augmenter l’Ondam, Mme Buzyn l’aurait fièrement annoncé. Ce n’est le cas. Nous, soignant.e.s, travaillons et voyons nos conditions de travail évoluer dans un système en vase clos. Ce que les urgences gagnent d’un côté, d’autres le perdent. Le budget de la santé est cadenass