Economie

La crise du coronavirus peut-elle alimenter la critique du capitalisme ?

Économiste

Le capitalisme est-il responsable de la pandémie de Covid-19, ou bien celle-ci a-t-elle seulement révélé les failles de la mondialisation ? Pour répondre à cette question il faut se pencher, à la lumière de la crise sanitaire, sur les reproches faits au capitalisme contemporain : inégalités, hyper-globalisation, concentration des pouvoirs économiques, financiarisation et marchandisation de toutes les activités humaines.

Certains pensent que la crise sanitaire sans précédent que nous vivons renforce la critique du capitalisme et illustre sa faillite. Bien que l’histoire ait montré qu’il est imprudent voire dangereux d’ajuster les règles seyant en temps normal à des règles de temps extraordinaire, l’occasion est tentante de profiter des moments de crise pour valider des positions, sur le ton de « je vous l’avais bien dit ». Pour dépasser le stade des prophéties auto-proclamées, je vais questionner si les failles du capitalisme contemporain ont quelque chose à voir avec le déclenchement de la crise.

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La critique du capitalisme n’a pas attendu le Covid-19 pour s’exprimer. Récurrente, elle a été ravivée à la fois par les vagues populistes et les contestations populaires, et par les inquiétudes de l’élite intellectuelle et politique à l’égard des méga-pouvoirs des entreprises. Démocratie, libéralisme et capitalisme interagissent mais ne sont pas les mêmes objets. Je me concentre sur le capitalisme, le système économique né de la révolution industrielle, où la propriété privée du capital et son accumulation sont les moteurs de la croissance, où le travail est échangé librement et la coordination est décentralisée.

Que reproche-t-on au capitalisme contemporain ? Quatre reproches principaux me semblent revenir dans tous les essais critiques du capitalisme contemporain : les inégalités ; l’hyper-globalisation ; la concentration des pouvoirs économiques ; la financiarisation et la marchandisation de toutes les activités humaines. Il s’agit ici d’expliquer chacune de ces critiques et ce faisant, de se demander si la crise sanitaire sans précédent a quelque chose à voir avec les dysfonctionnements du capitalisme contemporain.

Les inégalités : le Covid-19 n’a pas de déterminisme social

Le reproche principal et incontournable de tout essai critique du capitalisme contemporain est celui de son exacerbation des inégalités de revenus et de richesse. Thomas Piketty a indéniablement ouvert


[1] Avec ironie, on notera que les clusters de l’épidémie ont été le fait de regroupements communautaristes, poches de résistance à l’individualisme libéral et global, devenus vecteurs de l’épidémie.

[2] Richard Baldwin, The Great Convergence : Information technology and the new globalisation, The Belknap Press, 2016

[3] Jonathan Haskel et Stan Westlake, Capitalism Without Capital, Princeton University Press, 2018
Thomas Philippon, The Great Reversal, The Bellknap of HUP, 2019

[4] Lina Khan, Amazon’s Antitrust Paradox, The Yale Law Journal, 2014

Sarah Guillou

Économiste

Rayonnages

Économie

Mots-clés

CapitalismeCovid-19

Notes

[1] Avec ironie, on notera que les clusters de l’épidémie ont été le fait de regroupements communautaristes, poches de résistance à l’individualisme libéral et global, devenus vecteurs de l’épidémie.

[2] Richard Baldwin, The Great Convergence : Information technology and the new globalisation, The Belknap Press, 2016

[3] Jonathan Haskel et Stan Westlake, Capitalism Without Capital, Princeton University Press, 2018
Thomas Philippon, The Great Reversal, The Bellknap of HUP, 2019

[4] Lina Khan, Amazon’s Antitrust Paradox, The Yale Law Journal, 2014