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19 n’était encore que la date de ce dimanche de janvier. Nous nous trouvions à Bilbao, ville résiliente parmi toutes. La journée avait débuté par d’ancestrales courses d’aviron sous le pont transbordeur de Portugalete et puis, sur les coups de midi, devant un verre de Rioja et une assiette de tapas, la Liga, le championnat espagnol de football, référence mondiale, avait, comme chaque semaine, envahi les écrans. C’est qu’on ne plaisante pas avec le ballon rond en Espagne. Encore moins au Pays Basque, où l’Athletic Club sert d’étendard régionaliste depuis 1898.
Nous étions impatients de découvrir en fin d’après-midi le flambant neuf stade San Mames, version 2.0 de la mythique catedral, qui devait accueillir les trois matches de l’équipe nationale – quel symbole ! – lors du prochain Euro, au mois de juin. Mais d’Euro il n’y aura point cette année, pas plus qu’il n’y aura de Jeux Olympiques au Japon, décidément pas verni après le passage du typhon Hagibis sur la Coupe du Monde de rugby.
La France a peur. Serait-elle après le feuilleton des masques privée de Tour ? Jusqu’à présent, seules les deux Guerres mondiales lui ont fait manquer cette « crise annuelle de bonne humeur qui fait oublier les amertumes du moment et nous évite de nous prendre trop au sérieux », comme l’a si joliment définie Régis Debray. Il fut d’abord envisagé que la Grande Boucle se déroule sans spectateurs mais tout de même devant les caméras de la télévision, sans doute pour occuper les après-midis de nos aînés priés de ne pas bouger, et par ailleurs pas à l’abri d’un été caniculaire. Mais avait-on besoin d’un convoi mortuaire supplémentaire ? Option a finalement été prise de tenter le coup en septembre, en misant sur la vaccination collective et joyeuse d’un Hexagone qui aurait vaincu le malin.
Comprenez, pour les bouffeurs de sport, 2020 c’était un peu comme l’annonce d’un crû d’exception pour les buveurs de vin. On attendait les Bleus de Didier Deschamps à leur sommet, deux ans après un