Rediffusion

Pénuries de médicaments : la planification sanitaire que nous voulons

Responsable associative, Responsable associatif

La France est l’un des premiers pays du monde pour le secteur pharmaceutique, notamment grâce aux investissements publics dans la recherche et le développement. Comment comprendre alors qu’elle ait été aussi durement frappée par les pénuries, au moment de répondre à l’épidémie de Covid-19 ? Sans doute d’abord parce que la chaîne de production est essentiellement gérée par des acteurs privés, qui possèdent les brevets, prônent la délocalisation, et paient des dividendes à leurs actionnaires. Ces incohérences devraient être combattues, par une reprise en main par l’État de la production de médicaments. Rediffusion du 27 mai 2020.

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« Toute la question, maintenant, est celle de la durabilité de la prise de conscience et de la volonté à faire autrement. »
Cynthia Fleury, Répétition générale, 19 mars 2020

 

Au cours de la première vague du Covid-19, des pénuries et tensions ont touché les médicaments essentiels en réanimation, soins palliatifs, anesthésie, gériatrie, EHPAD, mais aussi dans des pharmacies de ville. Le problème de fond n’est pas réglé, il peut se poser de façon accrue avec une nouvelle vague et s’étend parfois à des produits utilisés dans la prise en charge de base des personnes hospitalisées. Car ce phénomène est loin d’être conjoncturel.

Certes, l’explosion mondiale de la demande en médicaments de réanimation joue un rôle indéniable. Mais l’incapacité des pouvoirs publics à y faire face rapidement montre bien que le Covid-19 n’est qu’un facteur supplémentaire, et non la cause profonde. Le problème est structurel. L’État a non seulement échoué à y répondre, mais il a même laissé le phénomène s’aggraver. En 2008, les autorités sanitaires recensaient 44 tensions de médicaments dans l’année, dix ans plus tard, elles en comptabilisaient 869[1].

Concrètement, pendant la première vague d’hospitalisations liée au Covid-19, ces pénuries et tensions ont conduit à une dégradation du standard de soins pour les patient·es, à une remise en cause du droit de mourir dans la dignité, et placé les soignant·es dans des situations très difficiles. Non seulement, le personnel a dû gérer des situations exceptionnelles créées par une maladie nouvelle, mais il était aussi sans cesse contraint de s’adapter à la pénurie, qui ne s’est pas limitée aux médicaments (sur-blouses, remplacées par des sacs poubelles, masques, tests) et qui a engendré de nombreux dilemmes éthiques insupportables. La crise du Covid-19 a contribué à les porter au grand jour.

Comment en est-on arrivés là dans un pays qui se présente comme un pays majeur du secteur pharmaceutique mondial ? La réponse est à chercher dans


[1] L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a recensé 44 cas de ruptures en 2008, 173 en 2012, 438 en 2014, 538 en 2017, soit 12 fois plus qu’en 2008.

[2] « Médicaments : comment éviter la pénurie », dossier du Parisien, 16 avril 2020

[3] Rozenn Le Saint, « Médicaments face au Covid-19 : faute d’aniticipation, le système D », Mediapart, 9 avril 2020. Journal télévisé de France 3, mardi 21 avril 2020.  Alix Guiho, « Coronavirus : vers une pénurie de produits anesthésiants dans les hôpitaux français ? » , France 3.

[4] Voir par exemple la fiche « conseil urgence sanitaire », daté du 20 mars 2020 et régulièrement mise à jour, de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, qui insère un encadré « Si pas d’accès à du Midazolam »

[5] Voir les recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de Santé de janvier 2020 « Antalgie des douleurs rebelles et pratiques sédatives chez l’adulte ».

[6]Ce que nous écrivons pour les médicaments concerne et également et s’applique à tous les produits de santé, notamment les diagnostics, les réactifs, les dispositifs de santé, les consommables, nécessaires à la prise en charge optimale des personnes.

[7] Sanofi reçoit 150 millions d’euros par an au titre du Crédit Impôt Recherche alors que ce laboratoire a supprimé plus de 2 800 postes de recherche et abandonné des domaines entiers comme Alzheimer. Collectif Anti Sanofric, La lutte des Sanofi pour les Nuls, édition 2019.

[8] Bourdin Direct, lundi 20 avril 2020

Pauline Londeix

Responsable associative, Co-fondatrice de l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament

Jérôme Martin

Responsable associatif, Co-fondateur de l'Observatoire de la Transparence dans les politiques du médicament

Notes

[1] L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a recensé 44 cas de ruptures en 2008, 173 en 2012, 438 en 2014, 538 en 2017, soit 12 fois plus qu’en 2008.

[2] « Médicaments : comment éviter la pénurie », dossier du Parisien, 16 avril 2020

[3] Rozenn Le Saint, « Médicaments face au Covid-19 : faute d’aniticipation, le système D », Mediapart, 9 avril 2020. Journal télévisé de France 3, mardi 21 avril 2020.  Alix Guiho, « Coronavirus : vers une pénurie de produits anesthésiants dans les hôpitaux français ? » , France 3.

[4] Voir par exemple la fiche « conseil urgence sanitaire », daté du 20 mars 2020 et régulièrement mise à jour, de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, qui insère un encadré « Si pas d’accès à du Midazolam »

[5] Voir les recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de Santé de janvier 2020 « Antalgie des douleurs rebelles et pratiques sédatives chez l’adulte ».

[6]Ce que nous écrivons pour les médicaments concerne et également et s’applique à tous les produits de santé, notamment les diagnostics, les réactifs, les dispositifs de santé, les consommables, nécessaires à la prise en charge optimale des personnes.

[7] Sanofi reçoit 150 millions d’euros par an au titre du Crédit Impôt Recherche alors que ce laboratoire a supprimé plus de 2 800 postes de recherche et abandonné des domaines entiers comme Alzheimer. Collectif Anti Sanofric, La lutte des Sanofi pour les Nuls, édition 2019.

[8] Bourdin Direct, lundi 20 avril 2020