International

L’après-Trump ou comment remettre le génie de la vérité dans sa lampe ?

Poète

Après l’élection de Joe Biden, un soupir de soulagement s’est propagé d’un bout à l’autre des États-Unis. Et pourtant, jusqu’au bout Trump aura continué d’être une source d’angoisse et de détresse. Ainsi, lors de la manifestation qu’il a organisée le 6 janvier dernier, il a une fois de plus nié l’évidence de sa défaite, avant d’appeler ses partisans à marcher sur le Capitole. Avec les tristes conséquences qu’on connaît. Pour le poète américain John Freeman, les États-Unis font aujourd’hui face à un grand défi : réparer la vérité. Et le chantier est immense.

publicité

Existe-t-il un mot plus fort que « soulagement » ? Un mot qui signifie non seulement la fin de la souffrance, mais aussi la disparition de la souffrance ?

Un soulagement comme une miséricorde.

On a vu ce soupir de soulagement se propager d’un bout à l’autre des États-Unis en novembre après que quatre-vingt-un millions d’Américains ont voté pendant la pire pandémie qu’ait connue le pays – certains ont fait la queue pendant douze heures – afin de bouter Donald Trump et Mike Pence hors de la Maison Blanche et d’y installer le vice-président Joe Biden et la sénatrice Kamala Harris.

On allait enfin pouvoir tourner la page de ces cinq dernières années.

Et au bout du compte, l’élection n’a même pas été si serrée – en politique américaine, plus de dix pour cent d’écart entre les deux candidats équivaut à une victoire définitive. Malgré l’emballement médiatique, le résultat n’a pas été si surprenant. Trump était à la traîne dans les sondages tout au long de l’année et ce dans des proportions qui dépassaient de beaucoup la marge d’erreur. La plupart des gens en avaient assez de lui. Pendant cinq ans et pour plus de la moitié du pays, Trump a été une source d’angoisse et de détresse. Ce n’était pas ses cheveux ni son mauvais goût. Ni sa vulgarité. Ni sa façon de massacrer la langue ni de s’enorgueillir de sa propre avidité.

C’était sa cruauté triomphante : pendant quatre ans, le président des États-Unis a jubilé devant la douleur des autres. Mettre des enfants en cage ; expulser les Américains les plus vulnérables de leur logement ; en pleine pandémie, intenter des actions en justice pour priver de couverture sociale certains citoyens ; encourager une police déjà violente à frapper les détenus encore plus fort. S’ils étaient noirs ou foncés de peau, il employait des mots comme « voyous » ou « criminels ». Pas une fois il n’a appelé au recueillement national pour rendre hommage aux centaines de milliers de morts du coronavirus.

L’ultime action de Trump a été un refus


John Freeman

Poète, Critique littéraire, Éditeur

Rayonnages

International