Benzema : plaidoyer pour un roi maudit
Trente-trois ans c’est un bel âge pour porter sa croix. Karim Benzema en est la preuve étincelante. Sous le maillot immaculé du Real Madrid, il porte la sienne avec grâce, station après station. Jamais un genou à terre et souvent les mains levées au ciel. Il est actuellement l’un des meilleurs footballeurs au monde au sein du plus grand club du monde.

Cela fait maintenant douze ans que le Lyonnais a posé son sac au stade Santiago Bernabeu, un bail inédit pour un joueur non-espagnol, une série en cours de 545 matches pour 272 buts marqués. Zinédine Zidane, son entraîneur, le couvre de louanges, mieux lui déclare sa flamme : « Quand tu aimes le football, tu aimes Karim. C’est obligé. » Eh bien, non. Didier Deschamps, le sélectionneur français, et Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football (FFF), n’aiment pas Karim. Ils ne veulent même plus en entendre parler. À leurs yeux, il n’est pas digne de porter le maillot aux deux étoiles et comme la France est championne du monde ils sont convaincus que cela leur donne raison.
Mais la campagne de Russie n’a pas pour autant mis fin à la controverse, qui dure depuis 2015, car si Deschamps et Le Graët sont têtus, les amoureux du beau jeu aussi, qui ne peuvent se résoudre à renoncer à un potentiel trio magique Mbappé-Benzema-Griezmann. Ces trois-là s’entendraient comme larrons en foire, hélas ! les tristes sires n’apprécient guère les larrons en foire. Au vrai, on ne sait plus trop si la croix de Benzema prend encore la forme d’un minable chantage à la sextape ou d’une communication mal maîtrisée. On pencherait plutôt pour « un cycle de l’absurde » butant perpétuellement sur l’écueil des regards trop lointains.
Toujours est-il que Noël Le Graët, fraîchement réélu pour le meilleur et pour le pire, a remis un sou dans la machine à polémique en déclarant que « personne n’est puni à vie ». Mais il fallait lire la note écrite en tout petit en bas de page : la règle ne vaut pas pour Karim Benzema, qui,