Écologie

Pour une intermondiale des bassins-versants

Militant écologiste, Architecte et enseignant chercheur, Auteur et traducteur

Les inondations survenues dans le Gard en septembre 2020 ont douloureusement rappelé que les eaux finissent toujours par dicter leur loi. La montée des eaux et les sécheresses qui partout guettent appellent à de nouvelles résistances contre les accaparements. Comment organiser la protection des veines de la Terre ?

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Un bassin-versant est tout un monde. La région que dessinent un fleuve et tous ses affluents. Une ligne de partage – des eaux, mais aussi des sols, des climats et des vivants. Un réseau hydrologique qui tisse une myriade de formes entre elles et qui, en soi, fait office d’entité vivante : une continuité écologique. Un bassin-versant – ainsi entendu comme un cycle auquel se greffe la vie – s’apparente donc à une grande respiration terrestre. Tenter de lire les rivières et les fleuves, sentir leurs interdépendances (entre eux et avec le vivant) nous offre une approche nettement plus fluide de la vie. Vie qui ne vit jamais sans eau. L’eau qui, en s’écoulant, donne ses formes à la Terre, façonne une part importante de ses souterrains et de ses reliefs.

Du bassin-versant à l’hydromonde

Étant déjà tout un monde, chaque bassin-versant est singulier. Il est fait du cumul de ses particularités propres – ses aisances et ses embûches, ses efforts et lâcher-prises. La manière dont il se déploie, ses vitesses et ses pentes, les vies qui le côtoient… Et derrière cette unité, dans la diversité, l’extraordinaire multiplicité des formes de l’eau : fleuves côtiers et ruisseaux, mares et affluents, torrents et nappes [1]. Chacun et chacune uniques, mouvantes et en coévolution. Puis, en dernier ressort, les océans – incommensurables étendues de notre planète Mer. Tout cela participe à se plonger dans l’échelle de l’eau, à s’immerger dans son temps long et lent, ses circularités, ses équilibres dynamiques et son incroyable pouvoir d’irriguer la vie.

Pour penser la multiplicité des existences qui se déploient le long des bassins-versants, c’est donc d’hydromondes que nous aimerions parler ici. Pour aller plus loin encore dans la compréhension de ce que les réseaux d’eau nous font, nous permettent et nous disent. Hydromonde : un ensemble de continuités écologiques, toujours plus qu’humaines, à l’intérieur desquelles nous sommes pris et prises, que nous faisons et qui nous font à


[1] Et des formes plus nombreuses si l’on élargit le spectre : lacs et mers intérieures, glace et grêle, pluie et neige, humidité, buée, nuages…

[2] Car c’est cela être indigène, nous dit Robin Wall Kimmerer, biologiste et membre de la nation potawatomi (haut Mississippi). Voir son ouvrage Braiding Sweetgrass: Indigenous Wisdom, Scientific Knowledge, and the Teachings of Plants, Milkweed, 2013.

 

François Guerroué

Militant écologiste

Mathias Rollot

Architecte et enseignant chercheur

Marin Schaffner

Auteur et traducteur

Rayonnages

Écologie

Mots-clés

Eau

Notes

[1] Et des formes plus nombreuses si l’on élargit le spectre : lacs et mers intérieures, glace et grêle, pluie et neige, humidité, buée, nuages…

[2] Car c’est cela être indigène, nous dit Robin Wall Kimmerer, biologiste et membre de la nation potawatomi (haut Mississippi). Voir son ouvrage Braiding Sweetgrass: Indigenous Wisdom, Scientific Knowledge, and the Teachings of Plants, Milkweed, 2013.