Pour une intermondiale des bassins-versants

Un bassin-versant est tout un monde. La région que dessinent un fleuve et tous ses affluents. Une ligne de partage – des eaux, mais aussi des sols, des climats et des vivants. Un réseau hydrologique qui tisse une myriade de formes entre elles et qui, en soi, fait office d’entité vivante : une continuité écologique. Un bassin-versant – ainsi entendu comme un cycle auquel se greffe la vie – s’apparente donc à une grande respiration terrestre. Tenter de lire les rivières et les fleuves, sentir leurs interdépendances (entre eux et avec le vivant) nous offre une approche nettement plus fluide de la vie. Vie qui ne vit jamais sans eau. L’eau qui, en s’écoulant, donne ses formes à la Terre, façonne une part importante de ses souterrains et de ses reliefs.
Du bassin-versant à l’hydromonde
Étant déjà tout un monde, chaque bassin-versant est singulier. Il est fait du cumul de ses particularités propres – ses aisances et ses embûches, ses efforts et lâcher-prises. La manière dont il se déploie, ses vitesses et ses pentes, les vies qui le côtoient… Et derrière cette unité, dans la diversité, l’extraordinaire multiplicité des formes de l’eau : fleuves côtiers et ruisseaux, mares et affluents, torrents et nappes [1]. Chacun et chacune uniques, mouvantes et en coévolution. Puis, en dernier ressort, les océans – incommensurables étendues de notre planète Mer. Tout cela participe à se plonger dans l’échelle de l’eau, à s’immerger dans son temps long et lent, ses circularités, ses équilibres dynamiques et son incroyable pouvoir d’irriguer la vie.
Pour penser la multiplicité des existences qui se déploient le long des bassins-versants, c’est donc d’hydromondes que nous aimerions parler ici. Pour aller plus loin encore dans la compréhension de ce que les réseaux d’eau nous font, nous permettent et nous disent. Hydromonde : un ensemble de continuités écologiques, toujours plus qu’humaines, à l’intérieur desquelles nous sommes pris et prises, que nous faisons et qui nous font à