Société

Sciences et croyances autour d’un vaccin

Anthropologue, Ethnologue

L’opposition entre la science et les croyances est au cœur des débats actuels autour du vaccin contre le Covid-19. Or, les arguments déployés pour évoquer un choix, pour ou contre le vaccin, reposent largement sur des emprunts d’idées, d’opinions et finalement de croyances qui circulent autour de soi et dans la sphère publique. Il faut admettre qu’il n’y a pas de choix et d’opinions hors du « bain social ». Dans ce contexte où le discernement est difficile, comment forge-t-on son propre point de vue sur le vaccin ?

Il est commun de distinguer les savoirs scientifiques et les croyances. Pour valider une position, la référence à une rationalité et une méthode éprouvée d’investigation et d’expérimentation est souvent opposée aux croyances, jugées irrationnelles, qui induiraient en erreur à partir d’idées préconçues.

Ce modèle est précisément reproduit autour de la vaccination contre le virus du Covid. Le positionnement « pro-vaccin » s’effectue ainsi en référence à un savoir et à des faits scientifiques que les « anti-vaccins » manqueraient de saisir, embourbés qu’ils seraient dans leurs prénotions, à savoir leur spontanéité voire leur ignorance.

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De la sorte un dualisme, sciences = confiance versus croyances = méfiance, émerge et paraît au cœur des débats actuels. Il ne s’agit pas de faire ici un inventaire des arguments pour ou contre le vaccin mais s’arrêter un instant sur la structure de pensée qui régit les options prises en la matière. Cela suppose un petit retour sur ce qui se joue vraiment dans le rapport commun aux sciences et aux croyances.

À la question « à qui se fier ? » chacun répondrait sans doute : les gens bien informés. Mais comment les reconnaître ? Le corps scientifique ne parle pas d’une seule voix ; il expose ses controverses et cela déconcerte le grand public, peu au fait des désaccords scientifiques, pourtant courants.

Les approches scientifiques, rappelons-le, visent, de façon méthodique, à mieux comprendre et à acquérir des connaissances à travers l’étude de faits et de relations de cause à effet, fondées sur la mise à l’épreuve d’hypothèses par l’observation et l’expérience. Un ensemble d’étapes à suivre, consignées dans un protocole, sont nécessaires pour établir des résultats objectifs offrant des conclusions admissibles par les pairs lorsque des avancées identiques, effectuées par d’autres équipes, conduiront à des résultats comparables, qui constituent en quelque sorte des preuves temporaires. En ce sens, les sciences sont à l’opposé de l’o


Patrick Gaboriau

Anthropologue, Directeur de recherche au CNRS

Christian Ghasarian

Ethnologue, Professeur à l'Université de Neuchâtel

Mots-clés

Vaccins