Brésil : notes d’un retour au pays de la faim
L’affreuse inanité de notre raison d’être, comme disait Aimé Césaire, définit l’esprit vide, l’inanitas de l’esprit qui ne cesse de vider nos corps. Vide comme la terre vidée, le creux de l’estomac, le gouffre du corps et encore, le gouffre insondable de la face, comme l’aurait dit Antonin Artaud ; ce gouffre-corps, le gouffre encore. Gouffre qui traverse ces notes d’un retour – retour au pays natal, retour du pays natal à l’état de la famine, retour à cette espèce de scène primordiale d’un pays conçu pour être un immense territoire des dépenses extrêmes.
La faim est aussi une de ces dépenses. Pour qu’il y ait de la faim, il faut toujours ceux qui mangent trop, même sans appétit. L’extrême de la faim trace la face insondable du gouffre de « l’humanité » enfin révélée.

Le retour nous impose aussi de regarder en face. Le creux devient donc une surface. Regarder en face, c’est être prêt à voir la fin tracée comme le commencement des évènements passés.
J’ai choisi de regarder en face la fin des deux grands penseurs de la faim au Brésil : Josué de Castro et Glauber Rocha. Que ces notes d’un retour à la famine du pays natal soient l’hommage à ceux qui, avant moi, n’ont pas eu peur de regarder le creux en face – dans la face du creux.
Il s’agit donc du début de la fin. La fin de deux trajectoires de vie. La fin d’une époque aussi. La fin comme principe organisateur de la répétition d’une scène, celle du retour. Dans ce cas le retour de la faim sur leur pays natal. Plus loin encore : la fin comme principe qui tire le fil, poussant les limites d’un pays natal ; pourrait-on dire : la fin qui tisse un pays natal comme le devenir – pour emprunter le terme de l’écrivain Édouard Glissant – d’un Tout-Monde ?
Comme il s’agit de plusieurs fins sur la trace de ce retour, il importera de revisiter l’écriture de l’unique roman – et dernier texte – écrit par Josué de Castro. Après avoir dû quitter le poste d’ambassadeur en chef de la délégation du Brésil à l’ONU, auquel il ava