Politique

Désespoir présidentiel à gauche : comment en est-on arrivé là ?

Politiste

À moins d’un an de l’élection présidentielle française, dans un contexte de responsabilité historique de la gauche face aux crises écologiques et à la menace de l’extrême-droite, l’union qui semblerait nécessaire ne parvient pas à se réaliser. La société est pourtant traversée par des mobilisations progressistes et émancipatrices, ce qui laisse penser qu’il s’agit plutôt d’un problème d’offre politique à gauche. Les dynamiques récentes qui se mettent en place autour des primaires (primaire écologiste, primaire populaire) suffiront-elles à sortir de cette impasse ?

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L’heure est à la sélection des candidats et aux déclarations de candidatures à gauche. Alors que le potentiel électoral de la gauche est historiquement bas, les prétendants se multiplient dans une certaine cacophonie. Les candidats déclarés mettent en avant la nécessité du pluralisme et les vertus de la « biodiversité » politique à gauche. On entend aussi que « tout est encore possible » et que les élections se jouent en janvier. Mais personne n’est dupe : la gauche est émiettée et affaiblie. Elle s’apprête à se fracasser sur le premier tour de l’élection présidentielle et n’a aucune chance à ce stade de se qualifier pour le second. 

Le premier tour de la primaire écologiste est emblématique de la polarisation de la gauche. Alors que la catastrophe écologique est imminente et que la menace de l’extrême droite n’a jamais été aussi forte, la responsabilité de la gauche est historique. Dans un paysage politique fragmenté et « archipélisé », la nécessité de l’union à gauche est impérieuse. Elle semble impossible. Comment expliquer cette situation qui confine à l’absurde et au tragi-comique ?

La gauche est-elle vraiment défaite ?

La faiblesse de la gauche semble avoir atteint un niveau historique. Seuls 25 % des citoyens se disent de gauche. On le lit partout : elle aurait perdu la bataille culturelle. La droitisation du débat public est certes spectaculaire. Les éditorialistes de gauche se font rares sur les plateaux des chaînes d’information en continu comme sur l’antenne de France Inter… L’agenda médiatico-politique est désormais matricé par des thèmes de droite. Sécurité, immigration, islam, identité nationale tournent en boucle, au rythme de l’irrésistible zemmourisation de l’espace public. 

Le premier confinement laissait pourtant augurer une sortie de crise à gauche. Fin du productivisme, démondialisation, relocalisation de la vie économique : l’imagination est à gauche. Cette effervescence utopique a été de courte durée. Les paniques identitaires ont re


[1] Ludivine Bantigny, Ugo Palheta, Face à la menace fasciste. Sortir de l’autoritarisme, Paris, Textuel, 2021.

[2] Vanessa Jérome, Militer chez les Verts, Paris, Les Presses de Sciences Po, collection « Politiques de la Terre », 2021.

[3] Rémi Lefebvre, Les primaires, de l’engouement au désenchantement ?, Paris, La Documentation Française, 2020.

Rémi Lefebvre

Politiste, Professeur à l'Université de Lille 2

Mots-clés

Gauche

Notes

[1] Ludivine Bantigny, Ugo Palheta, Face à la menace fasciste. Sortir de l’autoritarisme, Paris, Textuel, 2021.

[2] Vanessa Jérome, Militer chez les Verts, Paris, Les Presses de Sciences Po, collection « Politiques de la Terre », 2021.

[3] Rémi Lefebvre, Les primaires, de l’engouement au désenchantement ?, Paris, La Documentation Française, 2020.