Marseille, une affaire d’État
La dernière visite du Président de la République est venue confirmer ce qui est désormais un fondement du dispositif de gouvernance urbaine qui singularise Marseille : l’État, dans ses multiples apparences et fonctions, est la pièce essentielle du dispositif politique qui gouverne la ville, à contre-courant de l’idée selon laquelle ces dispositifs évoluent vers toujours plus de poids et d’importance donnée aux acteurs locaux, et à contre-pied de cette représentation et de cette dramaturgie qui font des « zélus » les seules composantes du pouvoir urbain[1]. En somme, plus que de l’État « mondial » sans cesse mis en exergue, nous voudrions ici contribuer à une description de l’État « local » (plus discret et peut-être un peu honteux lui-même), autre facette du pouvoir dans sa mue néo-libérale.

Cet article se propose donc de décoder la « performance » présidentielle à l’aune de cette proposition, en ramenant en quelque sorte du structurel dans l’événementiel, mais sans pour autant négliger la théâtralité qui est, quoique souvent méprisée par les observateurs, l’une des clefs de compréhension des dispositifs de pouvoir. Quatre grands thèmes ont organisé la visite protocolaire du chef de l’État, émaillée de rencontres, de chahuts, et surtout d’un discours fleuve, auquel n’a manqué ni la pluie – avec le stoïcisme qu’elle a révélé, et le prix qu’elle a donné au corps du chef exposé, offert à la foule – ni les admonestations et les allusions très personnalisées.
D’abord la question économique et du développement ; la question de la gouvernance, où il est apparu que le chef de l’État met en garde les « zélus » contre les dérives du « système » ; le thème sécuritaire et la question de la répression des trafics de drogue ; enfin, quoique le plus discret, le thème de l’emploi public et des administrations.
L’emploi public et les pouvoirs locaux
Commençons par ce dernier. Bien sûr, la visite du chef de l’État dans un grand hôpital de la ville est de circonstance en cet