Y aura-t-il une vie « après » l’Anthropocène ?
Le système capitaliste joue un rôle dans l’exploitation des ressources, qu’il s’agisse de l’humanité ou des éléments et du vivant dans son ensemble, dans l’épuisement et la destruction du monde[1]. Ceci se produit en différentes étapes, qui, chacune, accélère, approfondit et aggrave ce processus : d’abord surexploitation, ensuite industrialisation qui aggrave cette surexploitation, encore ensuite débridage consumériste, et enfin virtualisation qui nous fait basculer dans un autre monde.
Cette histoire, douloureuse, tragique, est bien connue. Mais il importe de souligner son implication anthropologique, la seule à pouvoir expliquer sa « solidité », sa résistance à toutes les révolutions, toutes les révoltes, toutes les luttes sociales, en finissant par marginaliser et écraser toutes les alternatives.

On pourrait dire, d’un certain point de vue, dans une optique psychanalytique certes inconfortable, que tout un chacun, même exploité, même exclu, continu d’adhérer à un tel système parce qu’il en « jouit ». Il y a bien des raisons possibles à cela : il n’est guère besoin de se demander comment « jouissent » ceux qui en profitent.
Mais les autres ? Il faut sans doute compter sur l’espoir d’en jouir un jour, de goûter à sa « part du gâteau », quand bien même c’est avec autant de « chance » qu’en jouant au loto. Mais, bien malheureusement, il faut aussi faire ce qui est politiquement incorrect, avec une propension « faible » : ne pas avoir de responsabilités, ne pas trop en savoir, ne pas trop souffrir de sa conscience, ne pas trop s’engager pour ne pas trop se risquer à échouer.
C’est en sachant parfaitement jouer avec ces deux propensions, toutes deux inscrites sous le signe de la jouissance mais sous des modalités différentes et parfois étonnamment convergentes, que le système capitaliste triomphe partout.
L’extraordinaire résilience de ce système tient à son intelligence du psychisme humain, à sa capacité à le prendre par le petit bout, mais aussi à maintenir