Macron ou le peuple de gauche floué
Le contexte tragique de la guerre menée par le virus-Poutine ne peut que susciter une réaction d’unité autour de celui qui représente la voix de la France et de la démocratie face au totalitarisme. Néanmoins, avec l’échéance des présidentielles, l’heure est venue du nécessaire bilan d’un quinquennat pour le moins singulier dans l’histoire de la Ve République puisque celui qui aura incarné le pouvoir pendant cinq ans se sera toujours présenté comme se situant au-delà du traditionnel clivage entre droite et gauche. À ce titre, il aura réussi à karchériser les partis politiques à un point tel que c’est la vie politique elle-même qui aura subi une cure de dévitalisation.
Certes, il n’est pas seul responsable de l’atonie idéologique ambiante ni de l’absence de projet de société, mais il aura métabolisé une situation propice à la déréliction du politique. On aurait pourtant pu croire, et je l’ai cru en 2017, qu’il allait insuffler un élan porteur d’espoir. Son talent, sa jeunesse, sa double culture d’amoureux de la littérature et sa compétence d’énarque pouvaient laisser penser qu’Emmanuel Macron ne serait pas un simple gestionnaire du système en place mais pourrait profiter de la liberté que lui donnait une majorité absolue à l’Assemblée nationale pour bousculer quelques conventions et diriger une politique de modernisation et de justice sociale.

Qu’en est-il au terme de ses cinq années de mandat présidentiel ? Force est de constater que le compte n’y est pas et que la déception est d’autant plus vive et douloureuse que l’on y a cru. A cet égard, je me suis senti un devoir déontologique de publier ce livre critique : Macron ou les illusions perdues. Les larmes de Paul Ricœur dans la mesure où j’avais publié au début du quinquennat un ouvrage enthousiaste sur ce qu’annonçait notre nouveau président : Le philosophe et le président. Ricœur & Macron. Dans ce livre de 2017, j’affirmais haut et fort, j’en ai été témoin, qu’il y avait bien eu une relation intense et d