Que fait-on de nos vieux ?
Réduire le champ de la réflexion sur les EHPAD au secteur privé lucratif qui représente moins d’un quart des établissements médico-sociaux en France n’a d’effet que de rendre le débat stérile, sclérosant et contre-productif par les contre-feux qu’il occasionne. Prenons de la hauteur et écartons-nous de l’« Affaire Orpéa » dont les enquêtes et inspections sont en cours pour nous centrer sur la question qui devrait tous nous animer : « Que fait-on de nos vieux ? »
« Vous êtes ici chez vous ». Ce sont les mots prononcés par le directeur d’établissement accueillant une personne âgée dans sa résidence le premier jour, des vieux que l’on rassemble dans des Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) et pour lesquels on s’évertue à essayer de reproduire les conditions de la « vraie vie ». Conscient de l’exclusion dont ils peuvent pâtir dans ces lieux, on tente d’y intégrer une dimension intergénérationnelle se limitant malheureusement parfois à accueillir les enfants d’une crèche ou d’une maternelle, une fois par mois. On reproduit des places de village factices, on espère secrètement qu’en invitant des artistes en résidence, en y programmant des commerces, des services et des restaurants, les gens de l’extérieur auront envie d’y venir. Cette recherche d’« authenticité » interroge, non pas sur l’intention ni le bien-fondé de ces actions, mais sur l’impact réel ou espéré de telles initiatives. Elle place le curseur sur le cœur du débat.

Car c’est bien de peur, de peine, de rejet parfois, voire même d’effroi, dont il s’agit en réalité pour les primo-visiteurs d’EHPAD qui découvrent la réalité du grand-âge. Cette réalité, invisible aux yeux de la société n’est pas forcément « sexy » comme le rappelle cette récente campagne des Petits Frères des Pauvres. L’EHPAD n’est pas l’endroit où l’on se rend spontanément avec ses amis, dans lequel on passe ses week-ends en famille, à moins d’y retrouver un proche. L’altérité de ces personnes âgées dépe