Guerre en Ukraine : l’Union européenne par-delà la souveraineté
La guerre faite à l’Ukraine par un ennemi sans droit illustre, dans le malheur d’un peuple, l’exercice du droit fondamental de celui-ci : la lutte pour la vie. Les Ukrainiens résistent pour sauver ce qui doit l’être, leur liberté. Ils se battent pour ce qui est sacré, non pas seulement vivre, c’est-à-dire respirer ici et maintenant, mais désirer l’avenir et le construire librement dans le présent. Ils se battent jusqu’au sacrifice pour leur souveraineté en mettant leur vie en jeu. Les Ukrainiens ne résistent pas seulement parce que le présent leur est retiré par les bombes, la destruction, l’exil, l’exode ou la mort, ils résistent parce qu’ils refusent de renoncer à l’avenir. Ils mettent leur vie en jeu car la mort se résume à n’être que l’absence de futur. C’est d’ailleurs précisément ce que leur ennemi leur dénie : l’avenir qu’ils veulent avoir en Europe – à l’Ouest non à l’Est. Ils résistent parce que plutôt la mort que l’Est.

La liberté n’est pas une donnée de la nature des choses, elle se gagne et se conserve par la lutte. On a vu dans l’histoire d’Europe au XXe siècle des nations subjuguées soumises aux envahisseurs, voire collaborer avec eux : ce n’est que pour un temps. Nul n’accepte durablement le sacrifice de sa liberté par la sujétion : les Ukrainiens veulent la vie souveraine, non la vie soumise. En ce sens, la bataille d’Ukraine, parce qu’elle est la bataille pour la souveraineté, rend manifeste, à la manière d’un cas d’école, ce qu’a été aux époques dites « modernes » la condition politique des Européens, à savoir la fondation guerrière des nations particulières ordonnées à la souveraineté des États. La guerre d’Ukraine modifie substantiellement, pour l’avenir, cet état de choses politique.
En effet, ce 24 février n’est pas seulement une date, c’est une étape. Étape dans la formation de l’Europe telle qu’elle s’est constituée depuis cinq siècles. Toute guerre a été, en Europe, guerre de souveraineté, cette force qui, dans la paix, définit le