Santé

La santé publique vaut mieux qu’une philippique idéologique

Médecin

Au lieu de critiquer la politisation abusive (et délétère pour la santé publique) de la vaccination par les responsables politiques, Barbara Stiegler et François Alla reprennent en partie les arguments des vaccino-sceptiques. Les vaccins n’empêchent pas les contaminations répètent-ils dans leur « tract », omettant de dire qu’ils la réduisent de moitié ; ils risquent de « déclencher de graves réactions immunitaires dans l’organisme » et des myocardites chez les jeunes, soulignent-ils, oubliant de dire que ces risques sont beaucoup plus élevés avec le virus lui-même.

Dans un Tract publié par Gallimard et titré Santé publique année zéro, Barbara Stiegler et François Alla traitent la question des rapports entre le respect des libertés individuelles et l’application d’une politique de santé publique en situation de crise et d’incertitude scientifique. Ils le font à la lumière d’une analyse critique de la gestion de la pandémie de la Covid 19.

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Ils insistent à raison sur l’aggravation des inégalités sociales de santé à la fois par la pandémie et par sa gestion. Pour les personnes pauvres, ce fut en effet (et c’est toujours) la triple peine : 1) pour des raisons sociales notamment de logement, l’isolement est plus difficile et la contamination plus facile 2) les formes graves sont plus fréquentes en raison de la prévalence accrue de de l’obésité et du diabète 3) elles ont moins recours aux tests et sont moins vaccinées.

Résultat : leur mortalité due à la pandémie est plus élevée. Le 93, département le plus jeune de France est aussi celui où la mortalité due à la Covid est la plus élevée. Les auteurs soulignent notre carence en matière de santé communautaire de terrain prenant en compte les conditions de vie et les représentations des populations, en tissant des liens de confiance entre les soignants et les habitants grâce à la médiation de militants associatifs, de représentants communautaires et d’élus locaux.

Médecine communautaire mais pas communautariste, il ne s’agit pas de céder au relativisme et de cautionner les préjugés et les croyances anti-scientifiques. Les auteurs développent une critique générale pertinente de la démocratie sanitaire réduite dans sa version néolibérale à la somme d’intérêts corporatistes d’associations de patients et à la « responsabilisation » des individus supposés autonomes, indépendamment des déterminants sociaux de la santé et de leurs implications dans les comportements individuels.

Cependant ce tract se présente essentiellement comme une philippique idéologique, pratiquant l’auto-célébra


André Grimaldi

Médecin, Professeur émérite de diabétologie au CHU Pitié Salpêtrière

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Mots-clés

Covid-19