Société

Nous sommes en care ?

Philosophe

Pour célébrer Pasteur, le musée de la ville de Dole, où il est né voilà tout juste deux cents ans, mobilise peintres, sculpteurs, plasticiens et vidéastes pour nous aider à imaginer plus pour mieux vouloir, revisitant pour nous et avec nous l’image stéréotypée de ce que signifie « prendre soin » ; et avec elles de notre solutionnisme facile. Face au virus, puisque nous ne sommes pas en guerre, comment pouvons-nous être en care ?

Et si le soin du monde qui vient passait aussi par les arts ? Et si, pour renouveler la compréhension de nos situations, de nos manières de faire société, on osait se laisser instruire ? Mais, pour une fois, non par la langue toute faite des communicants, ces « mots gelés », disait Rabelais, que sont « les éléments de langage » que préparent les conseillers politiques, mais par celle des « mots de gueule » des artistes ? Et si, alors que dans nos sociétés du risque, nous donnons à l’expertise savante, à l’anticipation des risques et à l‘intellectualisation procédurale la part belle, nous osions, en plus de la raison, mobiliser les puissances de l’imagination ?

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Et ce faisant, nous nous accordions le droit de rêver, non pour fuir les réalités difficiles du temps – car elles le sont et elles sont nombreuses – mais au contraire pour oser en habiter la complexité en vue de s’essayer à d’autres possibles ? En effet, d’où nous est venue cette sotte idée qu’imaginer serait folie ; que rêver serait manque de réalisme ; et qu’en raison du fait que de la poétique à l’éthique et à la politique la route ne serait pas droite, il faudrait en conclure que poétiser serait s’illusionner ?

Imaginer, rêver, explorer ne sont pas que des pathologies d’une imagination délirante. Celles qu’on dénigre chez les « doux rêveurs » ou qu’on vilipende chez les « utopistes brutaux ». Ils attestent de la force d’exploration des possibles. Ils inventent un pas de côté, un tiers espace et temps qu’on peut bien appeler « utopique », mais qui n’est pas déni. Il est ré-ouverture de nos intelligences à la polyphonie bruissante des situations du monde et de ce qu’y cherchent les humains.

Faisons, pour une fois, l’exercice de mobiliser la puissance fracturante, déconfigurante des images toutes faites. Osons nous laisser aller à l’exploration de l’imagination en prenant, pour guide, le rôle des arts plastiques. Une occasion nous en est fournie par l’exposition « Prendre soin. Restaurer, Réparer de la Renaissance à nos jours », organisée par le Musée de la Ville de Dole (39) qui célèbre jusqu’en mars 2023, à sa manière, le bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur (1822-2022), né dans cette commune.

On s’attendrait à ce que les sciences, la biomédecine, la rationalité savante soient seules mises à l’honneur pour célébrer la gloire pasteurienne dont on tant parlé, y compris pour s’en affliger, lors de la frénétique quête d’un vaccin contre le coronavirus. Pourtant, l’exposition fait un tout autre choix. Peintres, sculpteurs, plasticiens, vidéastes sont mobilisés pour nous aider à imaginer plus pour mieux vouloir, revisitant pour nous et avec nous, l’image stéréotypée de ce que signifie « prendre soin » ; et avec elles de notre solutionnisme facile.

Car il faut le dire, nous vivons aussi un monde pasteurisé, où sont abimées les sensibilités réduites à de la sensiblerie au nom de l’efficacité, de la rapidité, de la performance, de la puissance, de la maitrise, de l’extraction et du contrôle. C’est pourquoi, nous suggérerons que ce dont il nous faut aujourd’hui prendre soin, ce sont aussi de nos sensibilités émoussées par la violence du monde qui finit par lasser nos compassions ; nivelées par les multiples notifications de nos outils numériques ; captées jusqu’à l‘épuisement par les nouvelles pratiques commerciales qui vivent de la marchandisation de nos affects.

L’exposition « Prendre soin » nous donne déjà l’occasion de prendre la mesure du rôle de l’imagination prospective en acte, voire d’utopie concrète que jouent les institutions culturelles. Dans les temps extraordinaires des vacances avec leurs festivals et le temps libéré des disponibilités qu’elles procurent ; mais également dans le temps ordinaire qu’accompagne la programmation des institutions culturelles, dans nos villes ou nos territoires, musées, théâtres, auditoriums, festivals d’idées, de cinémas ou concerts, bibliothèques s’attellent à créer des espaces grâce auxquels bien rêver et prendre soin de ce que Bachelard appelait les « hormones de l’imagination ».

On y expérimente et s’y exerce, individuellement et collectivement, dans des moments partagés, dans des « célébrations » qui sont des fêtes, à résister à la synchronisation générale de nos vies prises dans la cadence de la production – même si on n’ignore pas qu’il y a aussi une logique de la production artistique qui relève de logiques industrielles. Toujours est-il qu’on y pluralise les rythmes, et peut être – ça n’est jamais gagné –, expérimenter par-là, grâce à ces petites oasis de décélération, qu’on peut lutter contre l’hyper-synchronisation épuisante de la globalisation.

Loin d’être des lieux de clôture, ce sont des lieux d’ouverture. On s’y intensifie dans ses consistances intimes pour y gagner en résistance. Le cadre du tableau, le socle de la statue, le musée ou la salle obscure, la soirée de concert ne sont pas uniquement, des extractions spatiales ou temporelles du quotidien. Elles ne se réduisent pas à être ces « oasis magiques de la délectation et de l’enchantement » dirait Jankélévitch propre à la vie esthétique qui délaisserait la vie éthique et politique. Bien au contraire, en prenant soin du soi, de sa sensibilité ; ils ne l’émoussent pas, ils l’aiguisent.

Prendre la mesure de soi dans des retentissements sensibles travaille à une consistance capable de choix, de refus et d’options. Ainsi le détour par l’imagination esthétique ne peut-il pas travailler à nous décaler pour soutenir une écologie de l’attention dans une société de la vitesse et de l’accélération ? Ne peut-elle pas travailler à pluraliser et initier de justes et fécondes métaphores critiques pour dire notre monde avec les radicalités de la nuance qui caractérisent les arts, ceci en pluralisant les affects à l’inverse de ces passions tristes et pauvres qui réduisent le monde en « j’ai peur » ou « je like » ? Ne peuvent-elles pas contribuer à donner à l’imagination une place active et critique en matière d’éthique et de politiques là où l’incitation à « l’innovation », ce nouveau mot-valise, parait trop facilement en tenir lieu ? Nous nous arrêterons sur ces trois exercices – décaler, métaphoriser, imaginer – qui peuvent équiper une résistance éthique et politique à la lassitude compassionnelle, aux généralisations faciles et abusives, engendrant de l’indistinction, se nourrissant de celle-ci pour manipuler.

Décaler et porter attention

Prenons, en guise de premier exercice d’attention, l’œuvre de l’artiste Agathe Pitié, Le siège (2021) qui sert de couverture au catalogue de l’exposition « Prendre soin. Restaurer, Réparer de la Renaissance à nos jours ». Qu’y voit-on ou que n’y a-t-on pas vu ? Vu de loin, un peu vite, en touriste, on y trouve comme un air déjà vu. Tous les codes qui servent à identifier une œuvre de l’art renaissant y sont.

Cela semble être une miniature, servant à enluminer un manuscrit médiéval traitant de l’art de la guerre et des mille et une manières de s’y engager. Entre la grande faucheuse irradiée d’un soleil noir aux allures de coronavirus qui surplombe la scène, et la queue de dragon qui la soutient, laissant deviner des univers infernaux, une humanité grouillante, mais d’autre temps, s’agite, s’active, s’engage devant la mort qui rode. Face à l’ennemi qui infecte ou qui mord, l’humanité se voit réduite à une population de corps parmi les corps.

Certes, il y a bien, dans cette enluminure une chambre de visite, voire de visitation, pour des malades ou des blessés qui donne un semblant de répit à cette trépidation qu’impose l’effroi. Mais, très vite, sur le même plan, un château fortifié, protégé corps et âme par des combattants s’engageant hardiment dans la bataille, s’impose, tout comme s’impose la porosité de toutes ses murailles. C’est pourquoi, ces mêmes défenseurs ne craignent pas de quitter la protection des hauts murs de la forteresse, pour, aux avants postes, on pourrait même dire « en première ligne » faire face, tenir tête, s’opposer pour faire reculer des figures du mal. Car, devant l’envahisseur armé et revêtu de casques aux multiples piquots, griffon à tête d’hydre, queue de dragon, ou méga-géant aux allures de dieu de la guerre, sous le signe du malheur, mal de la maladie ou mal de la guerre, on fait corps ; y compris et à commencer avec son corps.

Si cette scène pourrait être une miniature ce ne n’est pas une enluminure. Elle pourrait être l’illustration d’un fabliau médiéval, mais c’est l’œuvre d’une artiste contemporaine qui raconte et nous raconte une toute autre fable : la nôtre. Pourtant a-t-on eu besoin de ce pastiche du temps des dragons et des luttes cosmiques, façon livre d’heures et d’horreurs, pour nous nous apprendre à voir ?

Cette œuvre, pour être vue, exige de dépasser le cliché « c’est encore une enluminure ; j’en ai déjà vu » pour mobiliser une écologie de l’attention ; et demande du temps. Cela tient à pas grand-chose. Il suffit d’un écart. On peut très bien la voir sans se laisser regarder par elle. C’est ce qui arrive à la plupart des œuvres que nous voyons lorsque nous « faisons » une expo – ou lorsque nous « regardons les informations ». Nous regardons alors « ça » nous regarde ! L’art appelle et invente des décalages. Il nous décontenance ; au sens où il nous libère de nos contenus tout faits. Ce presque-rien est un bien esthétique et éthique précieux. Il se nomme l’attention.

Travailler à décaler, résister au zapping suppose de passer d’un regard d’hyper-vigilance qui maitrise les codes et les clichés, celui de l’utilisateur d’écrans d’ordinateur, pour se laisser toucher. La décision d’aller au musée préparait ce ralentissement. L’adresse ou l’astuce de l’artiste est d’investir cette disponibilité, pour construire un écart ; et par-là, tout faire basculer. Soudain alors tout change de sens. Sur l’enluminure on comprend que ce qui fait l’effroi, c’est le coronavirus de la Covid-19 métamorphosée en bête hideuse réactivant des peurs ancestrales. Ce qu’on croyait être des armes se révèlent être des respirateurs artificiels. Les uniformes d’une armée foisonnante mais malmenée s’avèrent les blouses bleues des soignants d’hôpitaux. Et aux casques de combattants font face des masques de protection contre les particules d’air vicié. Pourquoi une telle iconographie ? N’est-ce pas parce qu’il faut casser les imageries toutes faites pour retrouver des images vives ? Il faut défaire les codes pour faire le rêveur et le penseur. Imaginer ce n’est pas s’irréaliser ; mais bien surréaliser.

Inventer d’autres récits et de justes métaphores : « Nous sommes en care »

La scène décrite de l’œuvre d’Agathe Pitié sert de couverture au catalogue d’une exposition, placée sous le titre en allure d’invite « Prendre soin », qui ambitionne de penser ensemble soin, santé et environnement à l’heure de la transition sociale et écologique. Qu’est-ce que cela suggère ? Que le soin ne soit pas là où il s’exhibe le plus. Que le soin, s’il est médical, peut aussi être environnemental, parental, éducatif, relationnel. Qu’on peut avoir besoin de célébrer et d’exposer cette idée. Non pour ses effets décoratifs, mais pour ce qu’elle peut avoir de performatif et de subversif. Notamment dans le cadre d’une culture extractiviste, prédatrice des milieux et source de multiples zoonoses, qui invisibilise, mutile, abime toutes les interdépendances entre les vivants.

Ce que peut alors nous apprendre à voir l’art, ce sont tous ces liens qui travaillent non seulement à notre subsistance mais à enrichir notre substance. Les arts nous apprennent qu’il s’agit de prendre soin des relations, qu’il s’agisse des malades, des relations entre humains ou des relations entre les humains et leurs milieux. Après tout, Pasteur s’est occupé aussi bien des levures, des fermentations, des vers à soie que des vaccins contre la rage.

À cette fin, cette exposition nous dé-montre que d’autres récits, d’autres métaphores, d’autres images pour prendre soin du monde, des vivants, humains ou non humains sont possibles. Du moins s’ils vont initier d’autres bifurcations culturelles et politiques que celle des grands récits de la Croissance, du Marché, de la Globalisation. L’exposition « Prendre soin », comme le dessin d’Agathe Pitié le suggère, aurait pu s’appeler « Nous sommes en care ». Et ce faisant répliquer à ces réponses toutes faites, martiales, mais peu capables d’entrer dans l’intelligence complexe de nos situations qui disent « nous sommes en guerre ».

Dans la miniature d’Agathe Pitié, que nous prenons pour guide, une scène de combat s’impose à la vue. Aussitôt s’active, si nous n’y prenons garde, une vieille rhétorique éculée faite de mots anciens et de métaphores mortes qui ne parlent plus. Elle redit que face à la maladie ou au mal de la catastrophe écologique, sanitaire et sociale, on lutte, on combat, on fait la guerre, qu’il nous faut des armes. Elle redit l’évidence de la compétition plutôt que la force de la coopération. Or cette miniature invite, telle est sa pédagogie de la lenteur et de la patience, à dire tout autre chose. Elle active une métaphore vive, dans l’assonance qui fait glisser, dans un pas de côté vertigineux, du martial « nous sommes en guerre » vers l’exigeant et instable « nous sommes en care ».

Soudain, nous nous redisons que le soin, même dans un musée dédié à Pasteur où l’importance du vaccin s’impose (!), c’est d’abord du corps de soignant qui accepte de s’engager auprès du corps du soigné. Dans le dessin d’Agathe Pitié le nombre émouvant des donneur.e.s de soin atteste qu’il est possible, ensemble, de faire autre chose, que des zoonoses et des guerres. Le soin passe par les corps, les affects, l’engagement. Il ne saurait être délégué, donnant à l’idée de métiers de première ligne » une consistance insubstituable. C’est le soin qui fait tenir le monde ; pas le marché. Aux grands récits de la croissance, du marché, de l’anthropocène, il faut opposer d’autres récits plus complexes, moins domptables mais plus ouverts.

L’œuvre d’Agathe Pitié porte en miniature – car je ne parle pas de toutes les autres œuvres réunies pour l’occasion qui, chacune, porte la possibilité d’un univers – et concentre l’enjeu de cette exposition. Non pas nous poser mais nous exposer à des questions décisives, simples mais non simplistes. Quelles sont nos hantises en anthropocène ? Où sont nos peurs, nos luttes, et nos combats ? De quelles postures sont constituées nos réponses, si elles n’ont pas l’apparente banalité du « bon sens » que préconisent des solutions technologiques, soutenues par un économisme cynique, qui coupent cours à toutes discussions ? Seraient-elles dans la force des liens faibles, ces liens du soin, qui font tenir le monde ? Seraient-elles, même ultimement dans le rôle des arts, dans leur capacité à représenter la complexité, et de nous aider à l’habiter ? C’est ce qu’engage, bien qu’on veuille la réduire à du sirupeux, à une dégoulinante bienveillante, une éthique et politique du care.

Tourner en dérision satisfaite d’elle-même ce « nous sommes en care » – au nom du « réalisme » ou des intérêts vraiment sérieux, etc. – est une façon commode de creuser la distance à l’égard de ce qui nous engage trop et de trop près. A contrario, les arts créent de la proximité, nous rapprochent, pour que nous soyons touchés et affectés sur les multiples registre des émotions qu’ils activent (de la joie au dégout, de la colère à l’enthousiasme, de l’étonnement au silence stupéfait, de la tristesse à l’ivresse). Cette pluralisation n’est pas secondaire pour résister à la réduction binaire des affects brutaux qu’affectionnent les populismes. Ce que nous veut une œuvre ? C’est nous même qu’elle veut précisément ! Que ferai-je, que ferons-nous alors de ces mots nouveaux qui veulent commencer autrement notre manière de dire et de faire monde ?

Multiplier le rôle de l’imagination éthique et politique

Une exposition ne fait pas un programme politique ; un artiste ou une œuvre ne feront jamais une action, au sens éthique et politique précis du terme. Mais s’y préfigure, par la fête ou dans l’hospitalité des œuvres, le partage des forces du poétique par une communauté sentie avant qu’elle ne se mue en communauté d’idées, de concepts, de projets. En installant un suspens dans nos façons de voir, de faire ou de dire, ils creusent un écart vitalisant reconnaissant la portée heuristique et critique de l’imagination éthique et politique.

Paul Ricœur disait de « l’imagination qu’elle est la fonction du possible pratique ». Les variations sur le possible que les arts initient ne sont pas de l’ordre du programme de décisions ; mais du processus de création restauré en chacun.e, et par lequel d’autres possibles sont envisageables. Ils travaillent aussi à restituer et reconnaître la créativité des acteurs et actrices politiques qui, déjà, initient d’autres manières de faire et qui ne trouvent pas toujours leurs traductions politiques en de grandes échelles (des ZAD aux initiatives des territoires en transitions sociales et écologiques). Ils viennent couper court à la tentation de réduire l’éthique et la politique à n’être que le déroulé des discours experts ; de faire de l’éthique ou de la politique une mécanique, nourrie d’un imaginaire cybernétique non discuté, qui n’aurait qu’à ajuster des variables, combiner des indicateurs, gouverner par des nombres.

Imaginer en ces matières ce n’est pas s’irrationnaliser. C’est se souvenir que la rationalité de l’action trouve dans l’imagination à la fois la puissance de la prospective qui anticipe (de la futurologie au commissariat au plan). Mais c’est aussi celle d’une ouverture vers la possibilité de la surprise, qui n’est pas nécessairement et uniquement mauvaise surprise comme la culture procédurale du risque nous y habitue. En amont, ces expériences esthétiques à la rugosité dérangeante eu égard à nos ordinaires protestent et attestent les arts, viennent complexifier nos interprétations trop lisses de nos manières de compter le monde. Elles remettent, n’est-ce pas vital pour qui veut demeurer vivant parmi les vivants, du conte sous nos comptes !

L’exposition  « Prendre soin. Restaurer, réparer, de la Renaissance à nos jours » se tient au Musée des Beaux-Arts de Dole. Du 14 octobre 2022 au 12 mars 2023.


Jean-Philippe Pierron

Philosophe, Directeur de la Chaire Valeur(s) du Soin, professeur de philosophie à l'Université de Bourgogne

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