Sauver les œuvres d’art de la destruction involontaire
Que faire des œuvres d’art après leur exposition ? Si cette question se pose de façon pragmatique aux artistes, elle reste généralement effacée de nos imaginaires dans la mesure où, lors de l’exposition, tout est fait pour que l’œuvre transcende sa réalité matérielle, spatiale et temporelle. Même lorsqu’il s’agit d’œuvres qui parlent essentiellement de matérialité, de temps, d’espace. Même lorsqu’il s’agit d’œuvres éphémères, qui engagent des processus sur la durée de l’événement. Le moment de l’exposition suspend les œuvres et les actions dans une sorte de torpeur contrôlée de la forme idéale.

Mais cet instant public, comme la pointe d’un iceberg flottant et fascinant de stabilité, s’équilibre d’une masse logistique invisible, souvent lourde, et que seules les institutions et les galeries commerciales arrivent à maintenir un temps donné. Pour les artistes qui – in fine – ont la charge de leur travail, les dessous de l’exposition restent une zone critique, un poids économique difficile à porter et qui pèse sur leur pratique. Il se peut qu’à cet endroit se joue le destin des œuvres d’art.
Comment ne pas être pris d’une romantique indignation devant le constat qu’une partie importante de la production artistique est jetée en catimini, par les auteurs, après avoir été exposée et ce, pour avoir rencontré des problèmes d’ordre purement logistique ? Ces problèmes ne relèvent à priori aucunement des enjeux esthétiques dont les œuvres ont la charge. Mais le fait est que certaines d’entre elles se trouvent empêtrées dans des situations si prosaïques qu’elles y perdent l’accroche nécessaire à leur contexte artistique et finissent par disparaître.
Pour tenter une réponse à ce gaspillage, pour sauver ces œuvres de la vulgarité, nous avons imaginé qu’il fallait créer une logistique qui leur soit propre, une logistique convertie en expériences esthétiques et sensibles dans lesquelles les œuvres pourraient continuer d’exister pleinement en dehors du lieu d’exposition.
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