Les sols, la préfète et l’intérêt commun
Au cœur du parc boisé du parc du château de Louise de la Vallière est envisagé le Da Vinci Labs, un incubateur d’excellence dédié aux projets de startups « deeptech ». Porté par les élus du département et défendu par Alain Aspect, prix Nobel de physique 2022, il est financé en partie par le propriétaire des lieux, l’homme d’affaires Xavier Aubry. L’incubateur doit accueillir start-ups et chercheurs en quantique, biologie cellulaire et intelligence artificielle. Le service des bâtiments de France a formulé des réserves sur l’intérêt du projet, qui ne respecte ni le Code de l’urbanisme ni l’esprit de la loi Climat et résilience d’août 2021 puisqu’il se déploie sur une zone inconstructible.

Suivant les conseils de ses services, la préfète a émis un avis défavorable qui a déclenché les foudres des édiles. L’affaire a été révélée par Le Canard enchainé dans son édition du 14 décembre. Selon le palmipède, les élus locaux se seraient plaints auprès du ministre de l’Intérieur de « l’exigence de certains services de l’État[1] » et de leur manque d’écoute, assurant ne pas avoir été reçus par la préfecture depuis quinze mois[2].
Gérald Darmanin affirme que la décision de démettre la préfète de ses fonctions n’a « rien à voir avec des projets immobiliers[3] ». Cependant, le ministre rappelle qu’un « représentant de l’État doit être inattaquable et respectable » sans citer pour autant le nom de la préfète. De son côté, le conseil municipal de la ville de Reugny, où est situé le château, affirme « qu’aucune forme de pression n’a été opérée par les élus municipaux en charge de ce dossier[4] ».
Je t’aime, moi non plus
Le fin mot de cette histoire ne sera sans doute jamais élucidé, mais il témoigne des relations compliquées et concurrentielles entre les maires et les préfets en France et plus largement entre les orientations nationales et les enjeux locaux sur fond de préservation de l’environnement et de développement économique.
Depuis quarante ans et les premières lois