Un revenu d’existence à l’ère du numérique
Nous sommes dans un contexte d’accélération favorisé par un hypercapitalisme. Cet hypercapitalisme illustre une tendance à l’excès du capitalisme, amplifiée par un numérique omniprésent qui place à portée de doigts la majorité de nos actions du quotidien. La tendance est à la dérégulation, souvent au nez et à la barbe d’un pouvoir politique à la traine et avec le consentement volontaire des consommateurs. La « gratuité » contre nos données ou des paiements de services sans fin.

Le contrôle accompagne cette mue de notre société avec puissance, silence, et une indéniable efficacité, se donnant comme objectif de mieux cibler nos attentes de consommation. Qui aurait pu imaginer qu’une telle « servitude volontaire » ait pu s’organiser avec si peu de résistance, là où l’État peine quant à lui à rester légitime dans l’imposition de ses règles.
Comment avons-nous pu en arriver là ? En partie, parce que l’individu trouve dans ce vaste océan numérique – où il peut se perdre factuellement mais aussi moralement et psychologiquement – une réponse à une envie de singularité. Il pense (et surtout on lui fait croire) qu’il est le maître du jeu. Mais la réalité est tout autre, même si nous ne nous attarderons pas plus sur cet aspect dans cet article. Ce que nous voulons montrer, c’est qu’une réflexion politique et philosophique sérieuse doit pouvoir trouver sa place dans ces enjeux de la « modernité ».
L’individualisme est mauvais quand il devient égoïsme, mise à l’écart et mépris d’autrui. Il trouve ses lettres de noblesse quand il entraîne la rencontre de l’autre dans ses différences et ses richesses. De ce point de vue-là, que cela soit dans la sphère numérique ou dans la réalité, cette même inclination vaut. Mais dans la sphère numérique, les évènements vont plus vite, l’isolement est plus facilement atteignable (ou subi), tout autant que la déconcentration chronique par les sollicitations attentionnelles devient la règle. L’échelle est également différente. Ce qui pou