Sport

Ni pain ni jeux

Journaliste

Les « heureux » tirés au sort de la billetterie pour les Jeux Olympiques de Paris ont vite déchanté tandis que les fans de rugby se demandent comment se loger à un prix décent durant la prochaine Coupe du Monde. Quelques mois après le fiasco de la finale de la Ligue des Champions à Saint-Denis, l’adoption d’une loi autorisant la vidéosurveillance dite « intelligente » des manifestations sportives confirme que les stades sont en train de perdre leur âme populaire. Depuis l’Antiquité le sport permettait pourtant de canaliser bien des frustrations. Mais dans sa frénésie le libéralisme n’a cure de ce genre de considération. Il ne promet que malheur aux perdants.

L’Ancien et le Nouveau Testament. La récente double confrontation entre le Football Club de Nantes et la Juventus Turin aura offert à ses témoins privilégiés une fragrance de l’air du temps, un abrégé d’économie contemporaine. Face à face, un chef-d’œuvre en péril du patrimoine sportif français, monument historique déclassé mais néanmoins encore agrippé à son lustre d’antan, et une Vieille Dame, comme on la surnomme en Italie, ravalée par la chirurgie esthétique. Deux livres ouverts chroniquant chacun une époque, l’une quasiment révolue en dépit de vagues réminiscences, l’autre triomphante.

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Au Juventus Stadium le football se présente propre sur lui à l’instar d’un jeune diplômé d’école de commerce qui vient de claquer son premier salaire dans un uniforme Armani. L’enceinte est à la fois clinquante et lisse, et, comme les standards du capitalisme l’exigent désormais, sertie d’une galerie commerciale, la consommation ayant ici depuis longtemps englouti la passion. Banderoles et drapeaux sont d’ailleurs prohibés au même titre que le houblon. C’est peut-être pour cette raison qu’entre deux contrôles d’identité on demanda aux supporters nantais de se déchausser avant d’entrer, pour ne pas salir. Faut vous dire Monsieur que chez ces gens-là / On ne vit pas Monsieur, on ne vit pas, on triche. Quinze points retirés en janvier dernier pour transferts frauduleux, rétrogradation administrative en 2005 suite à l’affaire du Calciopoli, forte présomption de dopage dans les années 1990 : la Juve et la justice italienne c’est une version piémontaise de Roméo et Juliette. Au pied des Alpes, le fair-play financier est un oxymore et la Super League un business model.

A la Beaujoire c’est un autre football que nous raconte la Brigade Loire. En être c’est « soutenir ses couleurs en toutes circonstances, organiser des animations en tribune, respecter et encourager, soutenir les dirigeants qui œuvrent pour le bien du club mais aussi s’opposer à ceux dont l’ambition personnelle e


Nicolas Guillon

Journaliste

Mots-clés

Jeux Olympiques