La COP28 à l’épreuve du réel
Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), expert reconnu des problématiques énergétiques, déclarait au micro de France 24 le 1er décembre dernier : « Soyons clair, ni la France, ni le monde, ne peuvent se passer rapidement et massivement du pétrole. » En sortir n’est envisageable que « sur une période de temps longue. »[1].

John Kerry et Xie Zhenhua, les négociateurs climat des États-Unis et de la Chine, se sont rencontrés en Californie du 4 au 7 novembre. Leur déclaration commune avait ouvert une porte, et tracé la voie qui sera retenue à Dubaï : tripler la part des renouvelables dans l’approvisionnement énergétique mondial d’ici 2030 « de manière à accélérer la substitution au charbon, au pétrole et au gaz »[2].
Évoquer une substitution en citant expressément ces trois combustibles, n’avait rien d’anodin. Chinois et Américains avaient déjà banni le terme de « phase-out », la sortie des fossiles, qui cristallisera les tensions à Dubaï.
L’accord a été signé dans la confusion, l’adoption du texte final (First global stocktake) bâclée en cinq minutes le mercredi 13 décembre, le sultan al-Jaber, président de la COP, lisant un court texte sans poser de questions : « Je n’entends aucune objection ? C’est décidé. » ; en l’absence, au moment du coup de maillet final, des 39 petits États insulaires – le groupe AOSIS – alors en discussion pour coordonner leur position.
À leur arrivée, Anne Rasmussen, représentante des Samoa et présidente de l’alliance, sans s’opposer à la décision finale, a mis les points sur les i : « Nous ne voulions pas interrompre la standing ovation lorsque nous sommes entrés dans la salle, mais nous sommes déconcertés […]. Il semble que vous vous soyez contenté de prendre les décisions, alors que les petits États insulaires en développement n’étaient pas présents. […] Nous constatons [dans la décision finale] une litanie de lacunes. »[3]. À la fin de son intervention, Anne Rasmuss