Gros tracteurs et petits revenus
À l’heure où l’on écrit ces lignes, les commentaires vont bon train sur la mobilisation des paysans et les experts de plateaux se relaient sans demander réellement aux intéressés de venir expliquer les raisons profondes de cette crise.

Cette mobilisation a au moins quatre origines :
D’une part la crise énergétique dont peu de commentateurs avaient imaginé qu’elle pouvait avoir une incidence sur la production agricole, il est certain que les plantes poussent toutes seules.
D’autre part la conjonction des difficultés financières des paysans, qu’ils soient en agriculture conventionnelle ou qu’ils aient choisi, conformément aux encouragements, de « changer les systèmes de production » et de se convertir en agriculture biologique.
Ensuite la multiplication des directives et de la bureaucratie paperassière pour tracer des modes de production qui est de plus en plus envahissante et pas toujours très lisible.
Enfin, une mise en concurrence internationale avec des systèmes de production hors UE qui ne sont absolument pas soumis aux mêmes règles que celles qui s’appliquent à l’intérieur de l’Union européenne tant d’un point de vue social que d’un point de vue environnemental.
La crise énergétique
Les répercussions de la guerre en Ukraine secouent l’agriculture européenne depuis de longs mois. L’augmentation très forte des prix de l’énergie a, en 2022, plutôt profité aux paysans qui ont un court temps vendu à un prix plus élevé des céréales qui avaient été produites aux coûts de production de 2021.
En 2023, phénomène en ciseau : les prix des denrées agricoles ont chuté plus fortement qu’avant 2022 tandis que se maintenaient à de hauts niveaux les coûts des engrais et des carburants.
Il faut ajouter à ces hausses celles plus durables de tous les intrants liés à la production agricole : transports, emballages, carburants, services, fournitures diverses ainsi que ceux des salaires versés pour ceux qui ont des salariés. Ceux-ci bien que peu payés au regard du reste des s