Service public : les moyens de nos besoins
Quand j’étais adolescente, la France pour moi c’était les trains qui arrivent à l’heure. On savait quand on partait et quand on arrivait. À la minute près. C’était notre modèle, loin de celui de Reagan/Thatcher.

La privatisation des chemins de fer anglais avait été une telle catastrophe qu’il avait fallu renationaliser. Et nous, nous semblions résister à cette marchandisation du monde. J’étais fière. Cette France-là s’est effondrée. Contrairement à ce que je fantasmais, à l’idée que je me faisais de mon pays, elle n’a pas tenu bon.
C’est aujourd’hui l’éléphant dans la pièce. À gauche, alors que nous sommes de toutes les mobilisations pour empêcher une maternité, une classe d’école ou un bureau de poste de fermer, nous ne mettons pas au premier plan l’enjeu des services publics dans leur globalité – et pas seulement pour exiger plus de moyens. Cet angle est pourtant essentiel si l’on veut déjouer les logiques capitalistes et organiser la réponse à nos besoins. Le service public est une clé qui ouvre plusieurs portes. À condition de décloisonner, de ne pas laisser enfermer chaque secteur dans son couloir de nage mais d’embrasser la totalité du sujet. Car ce sont les mêmes maux qui appellent les mêmes changements profonds.
Le choix néolibéral conduit partout à la casse des biens communs. La pensée dominante, avec ses déclinaisons gouvernementales depuis des décennies, part de l’idée que le privé serait plus efficace que le public. Les fonctionnaires seraient trop nombreux[1]. La dépense publique serait un coût. Le management privé, avec sa politique du chiffre, ses primes, son « reporting » et ses tableaux Excel, serait plus efficace que le temps pour la relation humaine et la coopération.
Jusqu’au sommet de l’État qui se rue désormais sur les agences de conseil pour orienter ses choix, avec des haut fonctionnaires toujours plus à l’affût de pantouflage, l’esprit public est dilapidé. Il nous faut mieux et plus de services publics. C’est un moyen d’agir pour u