Un pavillon maritime européen : une question de droit(s) pour l’Union
Comme un fait exprès, ou comme le signe d’un impensé structurant l’impossibilité d’une action politique, le rapport du groupe indépendant d’experts franco-allemands sur les réformes de l’Union européenne s’intitule « Naviguer en haute mer : réforme et élargissement de l’UE au XXème siècle ».

Alors, il est tentant de s’intéresser à d’autres eaux, à d’autres rives de cette Europe rêvée et envisagée dans son développement, à d’autres hautes et moins hautes mers, et notamment à celle, creuset de son histoire et de la mythologie qui la fonde, la mer Méditerranée, où s’échouent des milliers et des milliers de corps, vivants et morts.
Tout d’abord pour éviter, en paraphrasant Camille de Toledo, que ce constat ne soit celui d’une incapacité réelle de construire l’avenir de l’Union autrement que sur la honte de l’inaction et d’une collaboration à la mise en place d’un système qui ne résout rien – ou le résout mal – et la hantise de la répétition, au mieux, d’une indifférence au monde, au pire, d’une responsabilité prise dans la non-assistance à personnes en danger
La journée de travail organisée le 25 novembre dernier à l’Institut du Monde Arabe, à l’invitation de son Président, a permis de dresser les contours d’une solution juridique (et sans doute par là-même politique) à la mobilisation de moyens pérennes pour le sauvetage des migrants en Méditerranée en interrogeant différents intervenants (anthropologue, médecin humanitaire, acteurs du sauvetage, juge, professeurs d’université, députées européennes, philosophe) sur l’opportunité de créer un « pavillon maritime européen ».
Car au-delà de la question pertinente, certes, mais inopérante dès lors que des enfants, des femmes et des hommes sont en danger de mort dans la mer, de savoir comment éviter la situation consistant à ce que des êtres décident d’emprunter telle ou telle voie, dans telle ou telle condition, et notamment maritime, pour rejoindre l’Union, c’est à la question concrète du sauvetage qu’il s’agissa