Les Communs, un levier de reconquête politique et sociale
Selon le sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse quotidienne régionale publié le 19 décembre[1], si les européennes devaient avoir lieu maintenant, le Rassemblement National occuperait de loin la première place en termes d’intention de vote, avec 31 % des voix chez les personnes interrogées certaines d’aller voter et ayant exprimé un choix. Ceci représenterait une percée majeure pour le parti d’extrême droite, qui avait réalisé 24,86 % en 2014 et 23,34 %, lors du dernier scrutin européen en 2019.

Dans ces conditions, le Rassemblement National pourrait gagner 29 sièges, sur les 81 qui reviennent à la France au Parlement européen. Plus largement, l’extrême droite représenterait près de 39 % des voix, puisque Reconquête, qui aborde pour la première fois ce scrutin après son cuisant échec aux législatives, recueillerait 6 % d’intention de vote, soit 5 sièges. De son côté, Debout la France serait en mesure de gagner 2 % des suffrages.
Cette montée de l’extrême droite est une tendance de fond des sociétés occidentales après plus de 40 années de néolibéralisme. Elle correspond en même temps à une méfiance marquée à l’égard du système politique, voire de la démocratie. C’est bien ce qui ressort des vagues successives d’enquêtes menées par le Cevipof[2] sur l’attitude des Français face à la politique. Ainsi, pour près des deux tiers d’entre eux (64 %), contre 58 % des Italiens, 52 % des habitants du Royaume-Uni et 40 % des Allemands, la démocratie ne fonctionne pas bien.
Ce sentiment résulte en premier lieu d’une crise de la représentation, encore plus marquée en France que dans les autres pays de l’enquête : les sondés sont plutôt d’accord ou entièrement d’accord avec le fait que les responsables politiques ne se préoccupent pas de ce que pensent les individus (à 82 % en France, 77 % en Italie, 71 % au Royaume-Uni, mais seulement 53 % cependant en Allemagne), qu’ils sont déconnectés de la réalité et ne servent que leurs propres intérêts (en France à 77 %, au