Lettre à François Mitterrand, père spirituel des « tontons flingueurs » de la gauche
Cher François, cher Tonton,
Lors de la présentation de tes derniers vœux présidentiels télévisés, le 31 décembre 1994, tu avais déclaré : « Je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas. » Ces « forces de l’esprit » te communiqueront-elles le contenu de cette lettre ouverte ? Nous espérons, à tout le moins, qu’elle sera lue par quelque lecteur terrestre.

Peu après le Congrès socialiste d’Épinay en 1971 et ton accession à la direction du Parti socialiste, un militant enthousiaste t’avait un jour interpelé : « François, entre camarades, est-ce qu’on peut se tutoyer ? » Tu lui avais répondu froidement : « Si vous voulez ». Dans l’esprit de camaraderie de gauche, nous emploierons le tutoiement dans cette adresse.
Nous t’appellerons également « Tonton », l’un de tes surnoms dans les années 1980. Les opinions diffèrent sur l’origine de ce sobriquet : on le devrait au Canard enchaîné ; il s’agirait d’un de tes noms de code pendant la seconde guerre mondiale, ou encore, il t’aurait été donné par les agents chargés de ta sécurité personnelle, en remplacement d’un autre surnom, « Le Vieux ». Peu importe son origine. Nous l’utilisons dans un contexte précis : nous te percevons en père spirituel des « tontons flingueurs » de la gauche, en « tonton des tontons », si tu veux.
Nous sommes deux politistes engagés à gauche depuis longtemps, et nous nous inquiétons de l’état actuel de la gauche. Lorsque tu as quitté le pouvoir en 1995, la gauche était défaite et en recul. Elle est aujourd’hui en crise, et sa conduite quasi-suicidaire fait craindre le pire dans un contexte où l’extrême droite a le vent en poupe en France, et ailleurs. Dans un court ouvrage consacré aux « tontons flingueurs » de la gauche que nous venons de publier, nous relevons les impasses et les renoncements de cette gauche qui n’en finit pas de dégringoler.
Nous t’associons à cet exercice critique car ton parcours porte en germes les contradictions et échecs de la gauche actuelle. La différ