Plaidoyer pour un diagnostic de qualité des sols
Entre 1982 et 2018, la superficie des espaces artificialisés a augmenté de 72 % en France métropolitaine tandis que la population n’a crû que de 19 %. Ce sont ainsi plus de deux millions d’hectares (2,1 Mha) qui ont été consommés par l’urbanisation en moins de 40 ans. Cette urbanisation galopante se fait au détriment de notre souveraineté alimentaire, réduit notre capacité à faire face au changement climatique, et constitue l’une des toutes premières causes de l’effondrement actuel de la biodiversité. Elle se fait également de manière aveugle : l’extension urbaine se fait aujourd’hui sans considérer la qualité des sols, sans tenter de préserver en priorité ceux qui contribuent le plus aux processus écologiques dont nous dépendons tous.

La loi Climat et résilience de 2021 a introduit l’objectif d’atteindre le Zéro Artificialisation Nette d’ici 2050, et de diviser par deux le rythme d’artificialisation d’ici 2031. Cette dimension quantitative est indispensable pour enrayer l’extension des espaces urbains aux dépens des espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF). Elle pourrait être complétée par une dimension qualitative : c’est la raison pour laquelle nous plaidons pour la création d’un diagnostic de qualité des sols.
Les sols, des écosystèmes essentiels
Les sols ne sont pas le support inerte sur lequel se déploient nos villes. Ils forment un océan de vie : un gramme de sol contient des milliards de bactéries, et d’organismes de tailles et de formes variées, tels que les vers de terre et insectes, arachnides et mille-pattes, mais aussi les acariens, collemboles, tardigrades et autres nématodes…
Écosystèmes à part entière, et tributaires d’une multitude de contextes pédoclimatiques, les sols sont les fondations de l’édifice du vivant. Ainsi, il faut tâcher de les regarder non pas comme des surfaces mais comme des milieux en trois dimensions, dont la composition et la structure varient dans l’espace et le temps.
Fruit de l’altération des roches mères, le