Une écologie « à la française » ?
Le défi de toute politique écologique est d’avoir à traiter localement des enjeux qui, comme le changement climatique ou l’érosion de la biodiversité, sont d’ordre planétaire. Comment garantir que ce qui est fait ici et maintenant contribue effectivement à l’avenir de la planète ? Comment promettre en retour que la politique écologique entraîne de réels bénéfices pour ceux qui vivent ici et maintenant ? La fin du mois n’occulte-t-elle pas inévitablement la fin du monde ?
Nombreuses sont les formules qui prétendent régler ce problème. À chaque fois, il s’agit de placer les phénomènes planétaires dans un cadre qui les transforme en motifs possibles de l’action individuelle ou collective. Le cadre peut être élargi, voire universalisé, de manière intellectuelle, morale ou politique, de telle sorte que l’action écologique consiste précisément à dépasser les limites de l’intérêt, de l’ici et du maintenant.
Celui qui pense global est censé comprendre que ses actions locales ne comptent pas pour rien dans « le système où tout est lié ». Celui qui se veut citoyen du monde ou écocitoyen projette la politique au-delà des limites qui la définissent d’habitude institutionnellement ou socialement. Mais ces manières d’articuler le local et le global ne font que déplacer ou reformuler le problème : dans le premier cas, on substitue au rapport entre global et local le rapport entre pensée et action, qui n’est pas beaucoup plus assuré ; dans le deuxième cas, l’action ici et maintenant ne se transcende pas ailleurs que dans la conscience morale ou militante de l’individu.
Il a souvent paru plus sûr de ramener les motivations écologiques à l’échelle des individus. D’où le discours sur les enfants et les petits-enfants à qui on veut éviter d’hériter d’un monde en piteux état. Les animateurs locaux de la politique écologique, lors des innombrables sessions participatives, ont également misé sur le topos du « futur désirable », c’est-à-dire désirable pour quiconque se met à l’envisager. Et puis la référence au colibri a rassuré ceux qui n’imaginaient pas pouvoir faire autre chose que des petits gestes pour la planète.
Ces stratégies rhétoriques présupposent que les individus finiront par accepter d’agir eux-mêmes. Mais que faire quand ils ne le veulent même pas ? Il faut alors espérer, c’est le minimum, qu’ils ne refuseront pas la politique écologique que d’autres mènent au nom des enjeux planétaires. On atteint ici la limite de l’échelle locale. La recherche de motivations positives, qui devraient conduire à agir, fait place au souci minimal de ne pas susciter les réactions négatives. La politique écologique locale ne peut même plus annoncer du désirable. La nouvelle articulation, entre enjeux planétaires et politique écologique, s’appelle aujourd’hui l’acceptabilité sociale.
Traduite dans la sémantique macronienne, l’acceptabilité sociale de l’écologie devient « l’écologie à la française ». Il a donc fallu attendre le deuxième mandat du Président de la République pour découvrir que la France est finalement la bonne échelle pour assurer la prise en compte locale des enjeux planétaires. Comme à son habitude, Emmanuel Macron voudrait nous faire croire que la trouvaille rhétorique a le pouvoir miraculeux de faire passer « ce qui n’est pas » pour « ce qui est ».
Au vu des récents renoncements sur les pesticides, des flottements sur les objectifs de production d’énergie renouvelable, du revirement en faveur de la filière nucléaire, du recul sur la performance énergétique des logements et globalement sur le service public de l’efficacité énergétique de l’habitat, on comprend bien que l’écologie à la française sert surtout à rassurer tous les Français que l’écologie (ou ses marqueurs symboliques : les normes, les taxes punitives, le végan, la bougie, Anne Hidalgo, l’éolien, les ZAD, la sauce tomate dans les musées, etc.) irrite.
L’objectif politicien est d’éviter que cette écologie jugée « inacceptable » soit pour les électeurs un motif supplémentaire de rejeter la politique gouvernementale et de se tourner vers le Rassemblement national. Il y a là un problème politique majeur, c’est vrai, à la fois pour la France et pour l’écologie. Mais loin de résoudre ce problème, qui aurait dû être depuis longtemps le déterminant premier de la politique écologique de l’État, la formule cousue de fil bleu-blanc-rouge que le Président sort de son chapeau en 2024, montre rétrospectivement que les gouvernements depuis 2017 ne s’en sont jamais souciés.
Que signifie que le pays « ose » aujourd’hui une écologie à la française ? Est-ce à dire que l’écologie telle que l’État l’a mise en œuvre jusqu’à présent n’était pas « à la française » ? Ce n’est pourtant pas l’impression que laissent l’accumulation des lois, le retard des décrets d’application, le millefeuille des niveaux d’intervention écologique, les revirements subits sur des enjeux énergétiques, les contradictions entre services de l’État, la planification écologique, que l’État central prétend (une énième fois ?) territorialiser de manière descendante, le manque d’évaluation sérieuse des politiques publiques, l’arrogance aveugle qui conduit à se décréter champion du monde malgré les résultats balbutiants.
Toutes ces caractéristiques de l’action publique paraissent au contraire « bien françaises », en un sens qui n’est évidemment pas reluisant. Et bien française est aussi l’habitude de s’en plaindre quand on œuvre pour la transition écologique. On peut donc éprouver une certaine lassitude à constater que les seuls sursauts imaginatifs que les enjeux écologiques provoquent en 2024 dans la culture politique de l’État français consistent à réhabiliter la planification (mais une planification euphémisée, territorialisée et participative) et à oser parler d’une écologie « à la française ».
Nous aurions tort toutefois de négliger complètement la fonction de la sémantique, et le choix des mots, dans les politiques écologiques. Il n’est pas indifférent de parler de développement durable, de transition écologique, de croissance verte, ou bien encore d’accélération, d’adaptation, de mobilisation, de participation, de commun ou de sobriété. L’arsenal rhétorique sert à fournir un cadre psychopolitique dans lequel, selon les publics, les enjeux écologiques deviennent des préoccupations à portée d’adhésion, d’action, de décision ou même seulement d’opinion. C’est pourquoi ce cadre doit constamment être soumis à révision, au nom même des résultats écologiques à obtenir. Alors si « l’écologie à la française » peut être un moyen parmi d’autres d’obtenir quelques résultats écologiques, il n’y a pas de raison de s’en priver ! Mettons de côté le baratin électoraliste, prenons l’expression au mot et donnons une chance au potentiel de changement écologique qu’elle pourrait éventuellement contenir.
L’écologie a malheureusement été perçue en France comme une pression à subir.
Il faut d’abord souligner que l’expression entérine l’évidence de la préoccupation écologique. Si l’on s’en tient à la formule, le Président de la République dit explicitement qu’on ne peut pas se passer d’une politique écologique et qu’il nous reste tout au plus le choix du « mode ». Pour prendre une métaphore culinaire française, nous savons que nous mangerons du poulet mais il nous reste le choix de la recette : à la normande ou à l’angevine. Il est d’ailleurs remarquable que, dans la formulation, le substantiel écologique paraisse beaucoup plus clair que la modalité « à la française ». Pour celui qui n’est ni gourmet, ni cuistot, la référence au poulet est transparente tandis que la recette « à l’angevine » demeure opaque. Autant la pression écologique, à travers les catastrophes climatiques éprouvées localement, est devenue une réalité claire, autant la recette « à la française » qui doit « modaliser » la politique écologique, est un sujet non seulement ambivalent, au regard des caractéristiques françaises mentionnées précédemment, mais aussi polémique puisqu’il présuppose la revendication d’une identité française, dont les contours demeurent problématiques et dont la définition, par principe, ne peut jamais être l’apanage de quelques Français parmi d’autres.
Il y a donc à faire de l’écologie, c’est un impératif : et, puisque nous pouvons juste imaginer avoir le choix des « modalités », l’idéal serait de faire une écologie à la française qui permettrait à la fois d’atteindre de meilleurs résultats écologiques et qui nous permettrait en outre d’être « un peu plus français », ou « un peu mieux français », ou « encore plus français ». Nous ferions dans cette histoire d’une pierre deux coups. Derrière cette proposition politique, il y a l’idée que l’écologie a, jusqu’à présent, « bridé » notre francité. On peut l’entendre de deux façons, et c’est ce qu’on entend effectivement dans la bouche d’une partie de la population.
Tout d’abord, il n’y a pas de raisons que nous soyons les dindons de la farce. Des Français naïfs ? Ça n’existe pas. Les autres, Chinois, Américains, Pays du Golfe, prétendent aussi faire de l’écologie mais sans jamais renoncer à leur intérêt. America peut toujours être « great again » même si elle développe les énergies renouvelables. Faisons de l’écologie à la française, c’est-à-dire profitons-en pour réaffirmer notre souveraineté : via la filière nucléaire, par exemple, mais aussi dans l’alimentation, dans l’exploitation du lithium, dans la production d’hydrogène vert, etc. Il est vrai que l’intégration européenne ne facilite pas la « mise en bouche » de ce délicieux écolo-gaullisme, dont nos dirigeants viennent d’inventer la recette.
On touche ici au deuxième ressort de ce qui serait la frustration française en matière d’écologie. La faute à l’Europe, naturellement, qui nous inonde de normes. La faute aux Allemands, sans qui nous n’aurions pas eu l’idée saugrenue de développer l’énergie solaire et qui nous ont privés de notre service public de l’électricité. À cause de l’Europe, l’écologie a malheureusement été perçue en France comme une pression à subir. L’écologie s’est imposée par le biais des normes qui venaient d’ailleurs. Si nous avions pu rester français, comme nous savons l’être, nous aurions fait une écologie par nous-mêmes. L’écologie aurait été une nouvelle occasion d’affirmer de quoi le génie français est capable.
Cette représentation de l’écologie n’est pas seulement l’expression d’un ressentiment banal (ou historique) à l’égard de nos voisins ni d’une jalousie à l’égard d’une administration européenne qui réussit à faire mieux (c’est-à-dire encore plus administratif) que notre propre administration. Quand les Français accusent l’écologie d’être punitive, ils lui reprochent ses injonctions et son style péremptoire. Cette extrême susceptibilité devant l’injonction, qui tourne bien vite au je-m’en-foutisme-bravache, est peut-être typiquement française. Elle ne prédispose pas en tout cas à exacerber la responsabilité écologique jusqu’à lui donner la forme d’un impératif catégorique, comme l’a fait le philosophe allemand Hans. Tout cela est bien trop luthérien pour nous, pour ne pas dire national-socialiste comme certains de nos philosophes ont pu le dire à propos de l’écologie profonde.
L’écologie sera « à la française » à condition de ne pas commencer par nous dire comment nous avons à vivre. L’acceptabilité est le critère incontournable pour définir une écologie à la française. Cela ne veut pas dire qu’aucune régulation, aucune norme, aucune taxe ne sont possibles – puisqu’elles existent déjà. Mais le dosage entre régulation et affirmation de soi devra toujours laisser prédominer le sentiment de ne pas avoir à subir l’injonction – la taxe de trop ! Au pays de la liberté, on peut évidemment l’entendre. Qu’en sera-t-il toutefois si les vies « à la française » ne sont pas suffisamment écologiques ? Qu’en sera-t-il si ces vies, qui donnent la mesure de l’acceptabilité écologique, continuent à amplifier le désastre écologique planétaire ? Comment le savoir ? Les généralités et les ratios, dont l’administration écologique sait se gargariser, font encore partie du schéma écologique intrusif.
La réponse pertinente et acceptable passe par un travail de description. C’est ce que préconisait le philosophe Bruno Latour. La description permet de suivre, à partir des vies singulières, la réalité de leurs attachements. On fait alors apparaître ce dont ces vies dépendent mais aussi ce dont elles cherchent à prendre soin. La méthode, forcément participative, souligne les liens matériels, physiques, qui inscrivent la situation locale, terrestre disait Latour, dans les différents prolongements de son environnement, que ce soit à travers le cycle du carbone, à travers le réseau d’électricité ou encore le plan local de l’urbanisme.
La description de la vie terrestre, toujours « géolocalisée » dans un monde social dont Latour disait qu’il était plat et non englobant, donne lieu à un type de préoccupation qui ne subit pas l’Europe et qui articule, de fait, action locale et enjeux planétaires. Voilà un modèle d’écologie, extrêmement intéressant, qui semble être un bon candidat pour une écologie à la française. Pourquoi l’État ne s’en est-il pas emparé ou pourquoi, mieux vaut tard que jamais, ne s’en empare-t-il pas aujourd’hui au lieu de nous refaire le coup de la planification centralisée-territorialisée ?
Quand elle atterrit, comme le proposait Latour dans un de ses derniers livres (Où atterrir ?), l’écologie passe en fait sous les radars de la détection et de la transcendance nationales. Ses pistes d’atterrissage sont vraiment terrestres, trop terrestres et trop locales pour être des miroirs susceptibles de flatter la souveraineté française ou d’exciter l’hystérie patriote. Elles sont plutôt, en référence à la cuisine, les lieux d’écologies à l’angevine, à l’armoricaine, à la mode de Caen, ou à la ligérienne pour rendre justement hommage à Bruno Latour, mais certainement pas « à la française ».
L’écologie sera cuisinée « à la française » non en raison des territoires terrestres que l’on trouve en France mais parce qu’elle réussira, elle aussi, à entretenir le récit ou l’image dans lesquels les Français peuvent continuer à sacraliser leur francité. Il faut que l’écologie puisse devenir le motif d’une célébration à la française. Et on entend déjà dans l’expression « écologie à la française » l’emphase et la fierté qu’Emmanuel Macron cherche à communiquer dès qu’il parle de la France aux Français (c’est-à-dire à « nos » professeurs, et à « nos » gendarmes, et à « nos » » agriculteurs, à « nos » personnels soignants, à « nos » jeunes, etc.). Fierté et emphase, mâtinées de paternalisme, qui sont aussi chaque fois les moyens rhétoriques de rappeler qu’il est lui-même la première symbolisation de cette République, dont les Français paraissent avoir besoin, selon lui, pour se glorifier, c’est-à-dire voir l’avenir avec confiance.
Représentation incarnée de la République (à la) française, le Président est aussi le premier à savoir auréoler les Français de leur propre francité. On peut être surpris mais c’est ainsi : l’écologie n’échappera donc pas à ce travail de célébration. Elle doit finir par être un des couplets de « la chanson française » dont la dernière publicité « hexagonale » de la SNCF donne une version parfaitement réussie. Les autres couplets sont fredonnés depuis longtemps. Il y est toujours question d’une exception à la française : de la culture, de l’agriculture, de la cuisine, du savoir-vivre, de la mode, du vin, du TGV, des fleurons industriels, des paysages, du fromage, de la baguette, sans oublier le béret de Jean Dujardin lors de la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de rugby.
Définir ce qui peut être célébré comme « écologiquement français ».
Comment une écologie « à la française » permettra-t-elle d’atteindre des résultats écologiques souhaitables tout en valorisant la francité des Français ? La réponse ne se trouve pas ailleurs que dans les composantes de la prétendue exception française. Même si la transition écologique doit porter sur l’ensemble des secteurs de la société, tels qu’ils sont cartographiés par l’administration, il est tout aussi important qu’elle fasse la preuve exemplaire de sa faisabilité. Autrement dit, il est important qu’elle puisse attester des changements effectifs et marquants qu’elle est capable de susciter.
L’usage du vélo dans les métropoles est une belle illustration de ce genre de dynamique écologique. C’est de cette façon que la transition écologique gagne en pouvoir d’entraînement. Les champs opérationnels d’une écologie à la française sont donc tout désignés : toute l’exception française doit se muer en exception écologique à la française. Le luxe français deviendra le luxe français écologique. Il n’y aura plus une baguette française qui ne soit pas bio. Les vignerons français auront à cœur de ne produire que du vin naturel. Et ainsi de suite. Voilà les premiers défis de l’écologie à la française. Il est évident que tous ces secteurs, y compris la scène culturelle française, ne sont pas restés à l’écart de la transition écologique. On peut y relever déjà de réelles évolutions et de belles réussites. Mais cela ne peut pas suffire pour une écologie à la française. Si « notre » agriculture est exceptionnellement française, il faut qu’elle contribue entièrement à notre écologie à la française. Idem pour le cinéma, la parfumerie ou l’aéronautique.
Et si nous réussissions à chanter d’ici peu, avec des résultats dignes d’une médaille d’or, la transition écologique des secteurs économiques et culturels qui font la fierté de la France ? Il faudra évidemment beaucoup de moyens publics pour obtenir ces résultats mais l’effet d’entraînement sur l’ensemble de la société serait énorme. Pensons à la chaine de valeur qui aboutit à la production d’une simple baguette ! On peut parier en tout cas que l’écologie à la française mobilisera les Français beaucoup plus que ne le fait la planification écologique centralisée-territorialisée engagée actuellement par l’État. La France, première destination touristique au monde ? Désormais, elle sera la première destination touristique écologique au monde ! Et on sait que le secteur touristique s’efforce déjà de travailler dans ce sens. De cette victoire, on peut attendre qu’il incite les Français, par ricochet, à réduire le bilan carbone de leurs propres vacances.
Afin d’évaluer la réussite de l’écologie à la française, il faudra être en mesure de définir, pour chaque activité exceptionnelle, ce qui peut être célébré comme « écologiquement français ». Là, les choses se compliquent un peu, il faut bien l’avouer. Il suffit d’observer la manie française de la définition normative pour imaginer les débats que va déclencher la définition de la recette « à la française » dans le domaine écologique. Ce sera évidemment encore plus compliqué que de s’entendre sur ce que l’on peut légitimement appeler « agrivoltaïque », « sol artificialisé » ou « renaturation ».
Mais ce ne serait pas le moindre gain que de provoquer ce genre de débats même houleux dans les différents champs de l’exception française. Car la controverse ne serait plus alors systématiquement activée par des « anti », pour lesquels l’écologie est de toute façon inacceptable. Le tour de force de l’écologie à la française serait d’amener les Français à réaffirmer leur exceptionnel don pour « la querelle, la bonne engueulade » au profit de la transition écologique. Il n’y aurait là rien de contre-productif, bien au contraire. Ce n’est pas parce que les habitants du village d’Astérix s’écharpent dès qu’il est question de la fraîcheur des poissons d’Ordralfabétix, qu’ils perdent leur invincibilité.
Sans vouloir suggérer qu’une écologie à la gauloise ferait finalement encore mieux qu’une écologie à la française, j’imagine dès lors très bien les défenseurs de la filière nucléaire, au lieu de s’en prendre mécaniquement aux énergies renouvelables, rétorquer à leurs contradicteurs : « Il n’est pas écologique mon nucléaire ? ». Ce serait déjà une autre manière d’engager l’évaluation multicritères de cette production d’électricité censée assurer la souveraineté énergétique française. De même, les agriculteurs, désormais fervents promoteurs de la souveraineté alimentaire française, seraient tout aussi prompts à prendre la mouche : « Comment ça, il n’est pas écologique mon fertilisant ? ».
Là encore, l’écologie à la française donnerait de quoi analyser, étudier, discuter, modifier, sans jamais outrepasser l’acceptabilité de la bonne engueulade à la française. Fiers d’être écologiquement français, d’autres experts et spécialistes finiront aussi par dire : « Il n’est pas écologique mon plan d’urbanisme ? » ou « Comment ça, elle n’est pas écologique ma plateforme logistique ? ». Et ainsi de suite. Je tiens d’ailleurs moi-même à ne pas laisser passer l’occasion de contribuer dès maintenant au succès d’une écologie à la française. À tous ceux qui trouveraient quelque chose à redire à mes propositions, je réponds donc par avance : « Quoi, il n’est pas écologique mon article ? ».