Écologie

Une écologie « à la française » ?

Philosophe

Loin d’une nécessaire stratégie environnementale, l’« écologie à la française » prônée par Emmanuel Macron apparaît comme une simple astuce rhétorique visant à calmer un mécontentement croissant.

Le défi de toute politique écologique est d’avoir à traiter localement des enjeux qui, comme le changement climatique ou l’érosion de la biodiversité, sont d’ordre planétaire. Comment garantir que ce qui est fait ici et maintenant contribue effectivement à l’avenir de la planète ? Comment promettre en retour que la politique écologique entraîne de réels bénéfices pour ceux qui vivent ici et maintenant ? La fin du mois n’occulte-t-elle pas inévitablement la fin du monde ?

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Nombreuses sont les formules qui prétendent régler ce problème. À chaque fois, il s’agit de placer les phénomènes planétaires dans un cadre qui les transforme en motifs possibles de l’action individuelle ou collective. Le cadre peut être élargi, voire universalisé, de manière intellectuelle, morale ou politique, de telle sorte que l’action écologique consiste précisément à dépasser les limites de l’intérêt, de l’ici et du maintenant.

Celui qui pense global est censé comprendre que ses actions locales ne comptent pas pour rien dans « le système où tout est lié ». Celui qui se veut citoyen du monde ou écocitoyen projette la politique au-delà des limites qui la définissent d’habitude institutionnellement ou socialement. Mais ces manières d’articuler le local et le global ne font que déplacer ou reformuler le problème : dans le premier cas, on substitue au rapport entre global et local le rapport entre pensée et action, qui n’est pas beaucoup plus assuré ; dans le deuxième cas, l’action ici et maintenant ne se transcende pas ailleurs que dans la conscience morale ou militante de l’individu.

Il a souvent paru plus sûr de ramener les motivations écologiques à l’échelle des individus. D’où le discours sur les enfants et les petits-enfants à qui on veut éviter d’hériter d’un monde en piteux état. Les animateurs locaux de la politique écologique, lors des innombrables sessions participatives, ont également misé sur le topos du « futur désirable », c’est-à-dire désirable pour quiconque se met à l’en


Philippe Éon

Philosophe

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