Politique

Comment leur dire adieu (aux affreux)  ?

Politiste

À trop se focaliser sur le seul parti lepéniste, on en oublie ses soutiens et ses auxiliaires qui, eux, constituent des appuis sans dissimulation à l’usage de la brutalité ou de la violence contre toutes celles et tous ceux qui expriment une voix contraire à celle qu’ils privilégient ou mettent en avant des identités sociales qu’ils n’apprécient pas.

« Penser, ce n’est pas reformuler les réponses de l’opinion, c’est changer de questionnement », Carlo Ginzburg dans Néanmoins.

La vie politique est vraiment curieuse à bien y regarder. Alors que l’on pensait participer à des élections habituellement sans répercussion intérieure qui allaient être gagnées sans grande surprise par le RN, tout à coup patatras dissolution de l’Assemblée nationale, dramatisation après coup des enjeux, nouvelles élections prévues dans un très court laps de temps comme s’il y avait urgence à voter en interdisant les débats, les alliances, les ententes et les compromis sur des programmes réfléchis.

De même alors qu’il s’agissait semble-t-il pour Emmanuel Macron de créer une crise politique visant à tournebouler le jeu politique en suscitant peur, incertitude, inhibition, défaut de vision claire de ce qui est jouable ou non, à gauche et peut-être à l’extrême droite pour mieux apparaître à moindre frais comme le sauveur providentiel « des deux extrêmes », patatras également : ce coup mûrement – mais très mal – réfléchi la semaine précédant le 9 juin se retourne contre lui et son camp.

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Une sérieuse balle dans le pied même avec la révélation du personnage tel qu’en lui-même : médiocre, vindicatif, centré sur ses seuls intérêts, réactionnaire. Le roi est nu et ce n’est pas folichon. Réjouissant non ? Mais étonnant quand même car quoi ? Certes un désastre semble bien se dessiner. Mais de quel désastre s’agit-il exactement ? Essayons un pas de côté pour s’évader de quelques opinions mal fondées qui ont tout d’un baratin réactionnaire empêchant la réflexion.

Comment dire adieu enfin à la situation dangereuse actuelle et à tous les affreux – nombreux et divers hélas – qui maltraitent la société en lui faisant perdre un à un ses attributs démocratiques ? Quelques interrogations auparavant pour considérer l’état des choses selon les mots de Paul Valéry plutôt que ses représentations plus ou moins fantasmées et démoralisantes et « éviter les r


[1] D’autres questions en escalier viennent encore en tête, notamment à propos de conseillers du vide ou en rien et grassement payés. Où en sont les enquêtes du PNF sur les dépenses colossales (plusieurs milliards d’euros) engagées par l’Élysée auprès du Cabinet McKinsey dont l’intérêt des prestations n’est pas très évident selon le rapport de la commission d’enquête sénatoriale ? « Cela n’est pas un scandale d’État » affirmait Gabriel Attal alors porte-parole du gouvernement. Pourquoi entend-on l’inverse quand cette affirmation est assenée (bien sûr sans trop d’explications) ? Où en sont également les différentes affaires émaillant cette belle « République inaltérable » selon les mots d’E. Macron ? (La mise en examen de Muriel Pénicaud – appartenant à diverses très grandes entreprises avant d’être nommée ministre du Travail de 2017 à 2020 – pour « complicité de favoritisme » dans l’organisation en 2016 d’une soirée à Las Vegas pour le candidat Macron ? Ou encore l’enquête sur les « dysfonctionnements de l’Élysée » dans les différentes affaires Benalla ? etc.). « Le responsable c’est moi, qu’ils viennent me chercher » avait-il lancé avec le vocabulaire fleuri et la rodomontade du loubard petit en taille. Chic et classe pour un président ! Pourquoi pas effectivement aller le chercher quand la politique est ainsi dévoyée par l’argent, les passe-droits et le mépris proclamé pour tout contrôle possible des comportements et fonds publics …

[2] Les commentaires Harlequin (ou à l’eau de rose) comme l’écrit Frédérique Matonti, voir Comment sommes-nous devenus réacs ?, Paris, Fayard, 2021.

[3] Voir sur certains de ces aspects voir la revue Esprit, 10, 2023.

[4] Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a été bien sûr l’un des premiers « officiels » à féliciter l’homme à la tronçonneuse de son élection et à lui faire une visite officielle. Comme on dit, les affaires n’attendent pas, elles ne vont pas s’arrêter pour si peu… En fait son élection semble avoir été une

Annie Collovald

Politiste, Professeur de sociologie politique à l'Université Paris-Nanterre

Notes

[1] D’autres questions en escalier viennent encore en tête, notamment à propos de conseillers du vide ou en rien et grassement payés. Où en sont les enquêtes du PNF sur les dépenses colossales (plusieurs milliards d’euros) engagées par l’Élysée auprès du Cabinet McKinsey dont l’intérêt des prestations n’est pas très évident selon le rapport de la commission d’enquête sénatoriale ? « Cela n’est pas un scandale d’État » affirmait Gabriel Attal alors porte-parole du gouvernement. Pourquoi entend-on l’inverse quand cette affirmation est assenée (bien sûr sans trop d’explications) ? Où en sont également les différentes affaires émaillant cette belle « République inaltérable » selon les mots d’E. Macron ? (La mise en examen de Muriel Pénicaud – appartenant à diverses très grandes entreprises avant d’être nommée ministre du Travail de 2017 à 2020 – pour « complicité de favoritisme » dans l’organisation en 2016 d’une soirée à Las Vegas pour le candidat Macron ? Ou encore l’enquête sur les « dysfonctionnements de l’Élysée » dans les différentes affaires Benalla ? etc.). « Le responsable c’est moi, qu’ils viennent me chercher » avait-il lancé avec le vocabulaire fleuri et la rodomontade du loubard petit en taille. Chic et classe pour un président ! Pourquoi pas effectivement aller le chercher quand la politique est ainsi dévoyée par l’argent, les passe-droits et le mépris proclamé pour tout contrôle possible des comportements et fonds publics …

[2] Les commentaires Harlequin (ou à l’eau de rose) comme l’écrit Frédérique Matonti, voir Comment sommes-nous devenus réacs ?, Paris, Fayard, 2021.

[3] Voir sur certains de ces aspects voir la revue Esprit, 10, 2023.

[4] Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a été bien sûr l’un des premiers « officiels » à féliciter l’homme à la tronçonneuse de son élection et à lui faire une visite officielle. Comme on dit, les affaires n’attendent pas, elles ne vont pas s’arrêter pour si peu… En fait son élection semble avoir été une