Et maintenant… refaire de la politique
Un pays est à reconstruire. C’était déjà le cas avant les élections et les urnes traduisent en réalité un constat simple : le vieux XXe siècle n’en finit plus de craquer et le pays ne parvient pas à écrire la suite de sa propre Histoire.
Ce n’est pas un coup de semonce isolé. Pendant la crise des « Gilets jaunes » puis la Covid, déjà, des doutes anthropologiques puissants affleuraient : qui sommes-nous, à quoi servons nous, où et avec qui vivons-nous ? Avant même de se pencher sur le détail des programmes et des mesures, c’est à ces questions qu’il s’agit de répondre pour imaginer l’avenir. En effet, faute de repères clairs et d’une volonté générale partagée par tout le monde, chacun subit les vagues avec le sentiment de ne jamais bénéficier de la solidarité qui fait la fierté de ce pays et à laquelle, normalement, chaque citoyen à droit. Au final, un sentiment d’injustice grossit et le pays se désunit comme un radeau aux planches mal ficelées.

Contrairement à ce que l’on peut lire, le pays n’est ainsi pas « coupé en deux » avec deux France qui se feraient face. Malgré la richesse globale de la nation, le pays se désagrège lentement faute de capacité des dirigeants politiques, économiques ou associatifs à faire vivre au quotidien les valeurs et les espoirs qui rassemblent les citoyens et rendent chacun plus fort. Il n’est pas anodin de constater que, lorsque l’on interroge les habitants sur leur vision de leur territoire ou du secteur dans lequel ils travaillent, la même interrogation revient de façon lancinante : ils se demandent « où va la France ? » Ce que dit le moment, c’est qu’il est temps pour chacun de refaire de la politique, partout.
L’urgence à discuter collectivement de tous ces sujets est d’autant plus forte que les habitants perçoivent les défis qui s’annoncent dans les prochaines années[1] – et qui sont déjà largement engagés : que ce soit le changement climatique, l’avènement de l’IA, les problèmes liés à la grande dépendance des personnes